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Objectif
Cinéma : Quel est votre
parcours cinématographique ?
Robert Kéchichian : 16
ans en tant qu'assistant réalisateur. Les premiers films que
j'ai faits dans ce cadre étaient Joyeuses Pâques de
Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo et Sophie Marceau
et L’Amant magnifique d'Aline Issermann, avec Hippolyte
Girardot. Ensuite, j’ai été premier assistant réalisateur
sur un film de Vincent Lombard, qui hélas n'est pas sorti.
Puis co-premier assistant sur un film de Philip Kaufmann,
L'Insoutenable légèreté de l’être avec Daniel Day-Lewis,
Juliette Binoche, Lena Oline Etc. Et puis Maladie d'Amour,
Les Bois noirs, deux films de Jacques Deray comme second
réalisateur. La Cité de la Peur m’a permis de rencontrer
Les Nuls. Rencontre assez importante dans ma carrière, bien
que tout ce que j'ai pu faire avant a aussi beaucoup compté.
Mais disons que, tout d'un coup quelque chose s’est installé
entre Les Nuls et moi. J’ai travaillé aussi sur Didier
d'Alain Chabat, Beaumarchais d'Edouard Molinaro (comme
co-premier assistant réalisateur), Traffic d’influence
de Dominique Farrugia, puis j’ai été réalisateur deuxième
équipe d'Astérix, mission Cléopâtre.
Objectif Cinéma :
Comment votre contribution aux films
a évolué au fur et à mesure de vos collaborations ?
Robert Kéchichian : Le
paradoxe est le suivant : quelle que soit la nature du film,
quelle que soit l'importance économique du film et quel que
soit le réalisateur ou la réalisatrice, le travail pour un
assistant réalisateur est toujours le même et il prend souvent
les voies de la solitude. C'est un métier extrêmement difficile.
Et puis, de temps en temps on rencontre à la fois le plaisir
du travail, le plaisir professionnel, le plaisir de la rencontre
avec des artistes et des réalisateurs ; c'est le cas
à partir de La Cité de la Peur. La rencontres fut très
importante avec Jean-Pierre Bacri, sur Didier, mais
aussi évidemment avec tous ceux que j'ai déjà cités : Alain
Chabat et Dominique Farrugia. J'ai été très sollicité, mais
j'ai préféré travailler pour des gens que j'aimais beaucoup
plutôt que d'aller faire parfois des films plus « prestigieux ».
Parce que l'aventure humaine prenait le pas sur l'aventure
cinématographique.
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Objectif
Cinéma : Aram est
votre premier film en tant que réalisateur. Comment vous avez
vécu cette première expérience ? Est-ce que le fait d'y avoir
abordé un sujet très personnel ne rendait pas la chose encore
plus difficile ?
Robert Kéchichian : Aram
était un faux premier film pour moi. Parce que j'avais
une maîtrise du plateau et une maîtrise des rapports humains
très directive et en même temps très souple. Quand on a fait
autant de films que moi comme assistant, on n’est pas dans
la démarche d'un jeune metteur en scène qui découvre ce qu’est
une équipe de cinéma et des comédiens.
Les angoisses en réalité, c’était avant, pendant l'écriture,
et beaucoup moins au moment du tournage. Ça ne veut pas dire
que je n'en ai pas eu… Mais très franchement, c'est d'abord
au moment de l'écriture et du montage que ça devenait angoissant,
car ce film représentait quelque chose de viscéral et d’impérieux
pour moi, sur un sujet effectivement atypique, très personnel
et très général à la fois. J'essaie d'ouvrir une perspective
de réflexion, sur ce qu'est une communauté en France, en l’occurrence
la communauté arménienne, mais aussi sur des éléments historiques,
notamment le « terrorisme arménien ». Et je voulais
révéler - de manière indélébile - la trace d'une guerre de
libération dont on a quasiment pas parlé, la guerre du Haut-Karabakh.
Alors, évidemment Aram est une oeuvre fictive ;
mon père n'était pas comme ça, les militants n'étaient pas
comme ça...
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