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Aram (c) D.R. ROBERT KECHICHIAN
Réalisateur


Entretien réalisé
le 01 Mai 2003
Par Julie TETARD

Merci à Alexandre Tylski
et au site ABC Cinéma


Ancien assistant réalisateur, Robert Kechichian revient sur son premier long métrage, Aram, centré sur l’itinéraire d’un ancien militant de la cause arménienne en France.



  Beaumarchais l'insolent (c) D.R.

Objectif Cinéma : Quel est votre parcours cinématographique ?

Robert Kéchichian : 16 ans en tant qu'assistant réalisateur. Les premiers films que j'ai faits dans ce cadre étaient Joyeuses Pâques de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo et Sophie Marceau et L’Amant magnifique d'Aline Issermann, avec Hippolyte Girardot. Ensuite, j’ai été premier assistant réalisateur sur un film de Vincent Lombard, qui hélas n'est pas sorti. Puis co-premier assistant sur un film de Philip Kaufmann, L'Insoutenable légèreté de l’être avec Daniel Day-Lewis, Juliette Binoche, Lena Oline Etc. Et puis Maladie d'Amour, Les Bois noirs, deux films de Jacques Deray comme second réalisateur. La Cité de la Peur m’a permis de rencontrer Les Nuls. Rencontre assez importante dans ma carrière, bien que tout ce que j'ai pu faire avant a aussi beaucoup compté. Mais disons que, tout d'un coup quelque chose s’est installé entre Les Nuls et moi. J’ai travaillé aussi sur Didier d'Alain Chabat, Beaumarchais d'Edouard Molinaro (comme co-premier assistant réalisateur), Traffic d’influence de Dominique Farrugia, puis j’ai été réalisateur deuxième équipe d'Astérix, mission Cléopâtre.


Objectif Cinéma : Comment votre contribution aux films a évolué au fur et à mesure de vos collaborations ?

Robert Kéchichian : Le paradoxe est le suivant : quelle que soit la nature du film, quelle que soit l'importance économique du film et quel que soit le réalisateur ou la réalisatrice, le travail pour un assistant réalisateur est toujours le même et il prend souvent les voies de la solitude. C'est un métier extrêmement difficile. Et puis, de temps en temps on rencontre à la fois le plaisir du travail, le plaisir professionnel, le plaisir de la rencontre avec des artistes et des réalisateurs ; c'est le cas à partir de La Cité de la Peur. La rencontres fut très importante avec Jean-Pierre Bacri, sur Didier, mais aussi évidemment avec tous ceux que j'ai déjà cités : Alain Chabat et Dominique Farrugia. J'ai été très sollicité, mais j'ai préféré travailler pour des gens que j'aimais beaucoup plutôt que d'aller faire parfois des films plus « prestigieux ». Parce que l'aventure humaine prenait le pas sur l'aventure cinématographique.


Alain Chabat (c) D.R.

Objectif Cinéma : Aram est votre premier film en tant que réalisateur. Comment vous avez vécu cette première expérience ? Est-ce que le fait d'y avoir abordé un sujet très personnel ne rendait pas la chose encore plus difficile ?

Robert Kéchichian : Aram était un faux premier film pour moi. Parce que j'avais une maîtrise du plateau et une maîtrise des rapports humains très directive et en même temps très souple. Quand on a fait autant de films que moi comme assistant, on n’est pas dans la démarche d'un jeune metteur en scène qui découvre ce qu’est une équipe de cinéma et des comédiens.

Les angoisses en réalité, c’était avant, pendant l'écriture, et beaucoup moins au moment du tournage. Ça ne veut pas dire que je n'en ai pas eu… Mais très franchement, c'est d'abord au moment de l'écriture et du montage que ça devenait angoissant, car ce film représentait quelque chose de viscéral et d’impérieux pour moi, sur un sujet effectivement atypique, très personnel et très général à la fois. J'essaie d'ouvrir une perspective de réflexion, sur ce qu'est une communauté en France, en l’occurrence la communauté arménienne, mais aussi sur des éléments historiques, notamment le « terrorisme arménien ». Et je voulais révéler - de manière indélébile - la trace d'une guerre de libération dont on a quasiment pas parlé, la guerre du Haut-Karabakh.

Alors, évidemment Aram est une oeuvre fictive ; mon père n'était pas comme ça, les militants n'étaient pas comme ça...