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 Pedro Butcher, actuel 
                    rédacteur en chef de la revue en ligne FilmeB, critique 
                    de cinéma pour la Folha de São Paulo lors du 
                    Festival de Cannes 2003, est journaliste de formation. Il 
                    fut critique au Jornal do Brasil, à l’O Globo 
                    et à la Folha de São Paulo. FilmeB est la première 
                    tentative de journal économique sur le cinéma au Brésil.
 Dans cet entretien, Pedro Butcher évoque l’histoire récente 
                    du cinéma brésilien et les difficultés auxquelles il a été 
                    confronté. Il fait le point sur la situation à la fois économique 
                    et artistique de l’industrie du cinéma.
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                      |  |  |  Objectif Cinéma : 
                    Quelle est la situation du 
                    cinéma brésilien aujourd’hui, après le Festival de Cannes 
                    2003 et la sélection de plusieurs films dans différentes sections ?
 Pedro Butcher : 
                    On peut dire que le cinéma brésilien 
                    progresse depuis 1997. Dans les années 70, il y avait 3000 
                    salles de cinéma, l’entrée était peu chère et les films étaient 
                    très populaires. Avec l’arrivée de la télévision câblée, de 
                    la vidéo et en raison de certains autres facteurs, le cinéma 
                    brésilien s’est retrouvé en crise ; ce qui a provoqué 
                    la plus grande crise du secteur de l’exploitation, avec la 
                    fermeture de nombreuses salles de cinéma. Ce fut un processus 
                    long durant les années 80 et le début des années 90. La fermeture 
                    d’Embrafilme, organisation régulatrice du cinéma brésilien, 
                    décidée par le Gouvernement Collor de Mello, a parachevé le 
                    tout. C’était une entreprise de l’Etat qui fonctionnait grâce 
                    à des fonds privés provenant des productions et de l’argent 
                    public. L’investissement se faisait ensuite en fonction des 
                    projets présentés, du réalisateur, des moyens de production, 
                    des acteurs.
 
 
 Objectif Cinéma :  Etait-ce 
                    une bonne solution pour le cinéma brésilien, la création d’Embrafilme ?
 
 Pedro Butcher : Ca 
                    été une très bonne solution au départ pour relancer la production, 
                    et puis Embrafilme a aussi tenu le rôle de distributeur de 
                    films. Elle était devenue le nerf du cinéma brésilien, qui 
                    pouvait influencer, gérer le marché et influencer par conséquent 
                    les films produits. C’était une autre époque. Dans les années 
                    1976-78 et au début des années 80, le cinéma brésilien avait 
                    35% de PDM. En 1976, par exemple, Dona Flor e seus dois 
                    maridos de Bruno Baretto faisait dix millions d’entrées. 
                    Chiffre non dépassé depuis. Fin des années 80, Embrafilme 
                    entra dans une crise ; c’était un modèle très fermé qui 
                    privilégiait toujours les mêmes cinéastes. Le président Collor 
                    décida d’arrêter son activité, mais en ne proposant aucune 
                    autre solution. En l’absence d’un nouvel organisme, la production 
                    tomba à zéro film par an, les films prêts ne furent pas distribués, 
                    et le secteur de l’exploitation entra dans une crise encore 
                    plus importante ; à cette époque le cinéma national était 
                    un moyen d’attirer le public dans les salles. Collor, par 
                    un processus d’ « impeachment », quitta le pouvoir 
                    deux années avant la fin de son mandat. Le vice-président, 
                    Itamar Franco, fut nommé président en 1993. Ce dernier créa 
                    immédiatement une loi appelée « Lei do Audiovisual ». 
                    Elle est venue en même temps que la privatisation de nombreux 
                    fonds publics dans plusieurs secteurs et permit la création 
                    de la Loi Rouanet, basée sur le renoncement fiscal afin d’investir 
                    dans le secteur de la culture (théâtre, danse, cinéma, etc.). 
                    Dorénavant, les entreprises ont la possibilité de payer leur 
                    impôt en investissant sur un film grâce à la « Lei de 
                    Audiovisual ». Deux articles de cette loi sont fondamentaux : 
                    le premier, qui offre la possibilité à une entreprise de payer 
                    jusqu’à 3 % de ses impôts (100 % de l’investissement est déduit 
                    des impôts) en l’investissant dans le cinéma. Il s’agit donc 
                    de fonds publics mais c’est l’entreprise qui choisit où les 
                    investir ; le troisième article, qui concerne les distributeurs 
                    étrangers installés au Brésil qui peuvent réduire de 70 % 
                    leurs impôts en investissant dans le cinéma brésilien.
 
 
 
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