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Carandiru (c) D.R.

Mais dés le début de mon travail, je me suis aperçue que beaucoup de figurants du film de Hector étaient déjà passés dans cette Maison de détention, soit comme ex-détenus, soit comme parents des détenus. Ce fait était complètement méconnu par la production du film de Hector et par moi, bien sûr,  je devais en garder le secret à la demande de ces mêmes figurants. Ils avaient peur d’être discriminé à cause de leur passé.

Certains avaient survécu à l’événement dramatique de 1992, connu comme le Massacre de Carandiru. D’autres avaient des parents qui étaient morts au cours du massacre. Mais tous voyaient le film comme une possibilité de réflexion sur ce qu’avait été leur vie et de compréhension ce qui s’était passé. Beaucoup me répétaient la même phrase : « Je voulais comprendre ce qui s’était passé...  ».

Je continuais mes tournages de la vie quotidienne de derniers jours de la Maison de Détention, mais à présent mon regard était différent. Je savais que dans cette prison, je trouvais un contexte qui appartenait à tous ces figurants du film. Et dans les figurants du film, je trouvais cette fois le reflet de ce qu’était Carandiru. La grande majorité appartenait à la périphérie de São Paulo, avec toute sa réalité dangereuse qui défie n’importe quelle fiction. Figurants dans la vie et figurants au cinéma.

J’ai commencé à entrevoir le crime comme une tentative, au-delà des nécessités sociales, de donner une trajectoire différente à sa propre histoire. Ils passèrent de figurants à protagonistes. Plusieurs détenus me disaient, en off, qu’ils se voyaient comme des personnages d’un film de fiction quand ils projetaient et commettaient leurs délits ; que, avec une arme dans la main, ils se sentaient et se voyaient comme des personnages.

  Carandiru (c) D.R.

Les rêves de consommation, les projets de vie... La société brésilienne, d’une manière un peu perverse, provoque des désirs qui ne peuvent se réaliser, des aspirations qui resteront vaines. En moi, pendant un bon moment, s’est installé un vide silencieux. Pour moi il était évident que je ferai le documentaire, je finirai mon tournage et j’abandonnerai ces visages, ces vies, cette réalité. Aucune fiction ou documentaire ne pourrait apporter de solution ou même une quelconque explication.

Je suis sortie de Carandiru et de la salle d’édition, avec plus de questions que de réponses. Et peut-être est-ce là la grande force du cinéma qui aborde des thèmes à caractère social.

Le film se termine, mais la réalité relatée par le film semble ne jamais finir. Les personnages sont à peine «capturés » par la lumière du cinéma, pour, tout de suite après, être oubliés de nouveau.



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2002
Carandiru.doc (Documentaire)
1995 Sangue do Meu Sangue (Série TV)
1990 História de Ana Raio E Zé Trovão, A (Série TV)
1990 Rosa dos Rumos (Série TV)