|
 |
|
|
Objectif Cinéma :
La revue ne raconterait-elle
que des histoires du passé ? Qu’en est-il du cinéma qui
se fait maintenant ?
Glenn Myrent :
Je sais que c’est le piège qui nous guette, celui de trop
se plonger dans le passé. Si des journalistes proposent un
sujet plus contemporain, bien écrit et argumenté, cela ne
sera pas refusé. Dans le numéro 20, il y a un article sur
l’avenir du cinéma et l’effet DV sur les tournages et la projection
numérique. L’an dernier, j’ai assisté à Pordenone en Italie
à un débat très intéressant sur ce sujet brûlant avec la FIAF,
concernant la sauvegarde ou non des films tournés en vidéo.
Beaucoup d’archivistes ne considèrent pas le DVD comme un
support fiable de conservation et de restauration.
Objectif Cinéma : Nous
sommes héritiers d’une tradition scriptible plusieurs fois
millénaires et à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas garantir
à long terme la sauvegarde du patrimoine audiovisuel du cinéma
et de la télévision.
Glenn Myrent : Il
y a 20 ans, Francis Coppola s’amusait à dire que l’avenir
du cinéma, c’était peut-être un garçon ou une fille de dix/douze
ans qui ferait dans un garage de l’Ohio un film magnifique
en super 8. Mais comment le voir s’il n’y a plus de projecteurs
super-8 ? Pire, Dejan Kosanovic, président des archives
du film à Belgrade, nous a raconté comment les cameramen de
la télévision serbe effaçaient des cassettes vidéo en Beta
car ils n’avaient plus de cassettes vierges pendant la guerre
en 1999. Imaginez toutes ces heures d’enregistrement perdues
à jamais.
 |
|
|
|
Objectif Cinéma :
Comment es-tu venu au cinéma ?
Glenn Myrent : Enfant,
je n’aurais jamais imaginé que le cinéma ferait partie de
ma vie d’adulte. Comme tout le monde, j’ai découvert le cinéma
en allant voir des films au cinéma à Chicago, où je suis né.
Je me souviens de la première fois où j’ai vu Alamo
avec John Wayne, et bien sûr des films de Walt Disney. C’était
une passion enfantine sans penser un instant que cela pourrait
devenir un jour mon travail. C’est mon intérêt pour l’histoire,
mes études à l’université, qui m’ont amené au cinéma. J’ai
une formation d’historien sur l’histoire européenne depuis
la Révolution Française. J’ai ensuite gagné une bourse pour
venir à Paris, étudier un groupe de cinéastes français (Germaine
Dulac, Marcel l’Herbier, Jean Epstein, Louis Delluc, Abel
Gance). Et l’endroit pour voir ces films, c’était forcément
la Cinémathèque Française.
J’ai rencontré Henri Langlois, très intéressé, me disant qu’il
m’appellerait pour que je puisse voir les films (il venait
de recevoir un Oscar quelques années auparavant). J’étais
tout content d’avoir pu parler avec lui. Puis trois semaines
plus tard, Marie Epstein, la sœur de Jean Epstein m’a engagé
en tant que stagiaire. Pendant dix mois, je venais chaque
jour l’aider à porter des films pour sa table de montage et
pendant ce temps-là je pouvais visionner tous les films de
son frère et des autres « Impressionnistes ». J’avais
un laissez-passer, c’était le rêve ! C’est à ce moment-là
que je suis vraiment tombé amoureux de l’histoire du cinéma
et des films. En les revoyant, non pas pour écrire des thèses
ou écrire des théories, mais pour s’inspirer.
Objectif Cinéma : Pour
s’inspirer ?
Glenn Myrent : Oui.
S’inspirer pour vivre.
 |
|
1) “ N’en déplaise à Molière ou
à Shakespeare, le mot esthétique a été délibérément
omis du sous-titre. Nous espérons séduire autant
les mordus de la pellicule que les cinéphiles
les plus dilettantes ” extrait de l’éditorial
de Glenn Myrent.
|
|
|