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  Cinémathèque (c) D.R.

Objectif Cinéma : Alors si je calcule bien, cela fait environ 75 revues à concevoir sur 37 ans non ?

Glenn Myrent : (Glenn rit aux éclats de ma blague arithmétique). Jean-Charles Tacchella a lancé au départ cette idée. Le projet serait de le faire 4 fois par an, avec moins de pages, et une cinémathèque et non pas deux par numéro.  Mais cela revient au même, quatre musées / cinémathèques par an et cela prendra autant de temps d’arriver au bout ! Quelle horreur cette idée de programmer ainsi des articles ! C’est trop logique !


Objectif Cinéma : Ce serait offrir une plus grande visibilité à la revue.

Glenn Myrent : C’est un grand problème. Le numéro 22 que tu as entre les mains aurait dû paraître à l’automne 2002. Il a été suspendu suite aux problèmes financiers de la Cinémathèque. Il faut maintenant faire un choix et nous donner les moyens de continuer le travail, par exemple 4 numéros par an avec moins de pages et un papier moins épais, pour un prix plus raisonnable, par exemple, 10 euros (au lieu de 19 €).

André Bazin (c) D.R.

Objectif Cinéma : Dans les anciens numéros de Cinémathèque, il y avait plusieurs parties ; sur l’esthétique, l’histoire du cinéma, la muséographie, la critique et note de lectures. En ouvrant la revue actuelle, on voit un sommaire coupé par la double langue adoptée (français/anglais), il ne reste qu’une grande partie consacrée à l’histoire et la restauration avec cette nouveauté du bilinguisme. En ayant volontairement écarté le mot esthétique comme tu le signales dans ton éditorial du numéro 19 de la revue.

Glenn Myrent : Ce choix s’inscrit dans l’idée d’ouvrir les horizons, d’imaginer que la plupart des gens sur la planète ne lisent pas le français. Et d’avoir accès à un lectorat beaucoup plus vaste et intéressant. Si l’on est suffisamment intelligent, on remarquera que l’on fait de l’esthétisme dans tous les articles parus depuis deux ans. On n’a pas besoin de l’étiquette esthétique. Il ne faut pas l’oublier. Pour moi, par le choix des photos, des textes, c’est aussi une part d’esthétique. Chaque article serait comme un court-métrage, un petit film où il y a un vrai rapport entre les images et les textes. Ce n’est pas seulement de la lecture pour le lecteur.

Je suis plutôt un homme de l’image et de la parole que de l’écrit. Ecrire est très dur pour moi. C’est pénible. Cela me donne en revanche beaucoup de plaisir de sélectionner des photos, de composer. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les recherches. L’acte de lire est aussi un acte esthétique très fort selon moi. André Bazin est une référence et un modèle pour moi, celui d’un très grand penseur qui a su construire un système de pensée sans jamais se mettre en valeur. Or à l’heure actuelle, tout ce que je vois et lis autour de moi consiste en un travail d’égo pour se valoriser, sous couvert d’analyse esthétique. Du nombrilisme. J’ai reçu une lettre de Barthelémy Amengual très content du changement de la revue (je le considère comme un des rares très grands penseurs du cinéma) tout en me disant de ne pas trop oublier si vite l’esthétique, même si certains dans l’ancienne équipe en faisaient trop et parfois s’égaraient. Ce sont ses termes. Je ne suis pas aussi fermé à cette notion de l’esthétique.


Objectif Cinéma : Vous connaissez votre lectorat étranger au sein de la rédaction ? L’adoption du bilinguisme a-t-il eu des effets immédiats sur les ventes ?

Glenn Myrent : On a augmenté le nombre d'abonnés de plus de 33 % en un an, et le lectorat va en progressant, notamment aux Etats-Unis avec l’arrivée d’un distributeur. La couverture du numéro 22 (superbe couverture pourpre et dorée avec Marilyn Monroe) peut aider également à ce que ce numéro se vende bien. Mais je ne me fais pas d’illusions, je sais que les livres et revues de cinéma se vendent très mal, voire pas du tout. C’est un lectorat très restreint et je reviens à ma préoccupation première d’élargir la revue au-delà des happy few.