RENCONTRE
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Objectif Cinéma :
Lorsque l’on découvre pour
la première fois Cinémathèque, même si on ignore totalement
son histoire (les changements de direction éditoriale) ce
qui saute aux yeux (c’est le cas de le dire) c’est le fait
d’être pris dans une lecture d’un récit d’aventure avec ce
principe de feuilleton assez novateur dans les revues de cinéma
françaises…
Glenn Myrent :
Le parti pris de la revue est d’essayer de s’adresser à un
public plus large qu’auparavant. Je suis arrivé à la Cinémathèque
au printemps 2001, appelé par Jean-Charles Tacchella alors
président de la Cinémathèque (que je remercie ici de m’avoir
réengagé car j’avais travaillé auparavant à la Cinémathèque
de 1983 à 1995 en tant que guide conférencier du musée du
cinéma Henri Langlois). C’est durant cette période que j’ai
appris avec un plaisir certain à ne pas isoler les différentes
catégories du public qui venait nombreux.
Mon approche était de parler aux visiteurs comme s’ils étaient
des « débutants », au sens noble du terme, et de
présenter l’histoire du cinéma de manière assez simple. Ne
pas considérer les objets du musée du cinéma comme un fétichiste
mais les présenter comme appartenant à l’histoire du cinéma,
lorsqu’on voit par exemple le costume porté par Rudolf Valentino,
son portrait et un extrait de film. Pour pouvoir imaginer
ce passé du cinéma à partir de ces objets réels. Il existe
beaucoup d’histoires du cinéma et l’on ne prétend pas les
détenir et les savoir toutes dans une approche globale. Cela
n’existe pas, c’est tellement personnel et subjectif. Contrairement
à ce que l’on dit, la Cinémathèque Française n’a jamais été
la plus grande ni la plus riche cinémathèque du monde. Cela
a toujours été un choix subjectif de la part de Langlois,
un choix usé et très rusé, surtout habile de sa part, à l’époque
des années 50/60 où la cinéphilie démarrait. A l’époque, on
n’avait pas un tel embarras du choix pour accéder au film
comme c’est le cas aujourd’hui. Langlois a créé quelque chose
d’unique à partir de rien.
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Objectif Cinéma :
La revue Cinémathèque
serait la trace écrite de ces dépôts mémoriels, de ces convocations
du passé au prisme de l’historiographie du cinéma, le lieu
où les mémoires vivantes sont convoquées.
Glenn Myrent : Je
n’avais pas fait le lien entre mon travail passé au musée
et ce que je fais à la revue, mais en y réfléchissant, je
pense que tu as tout à fait raison ! Je sais que cela
peut paraître démodé… Mais en ce qui concerne le lien à l’histoire,
je suis attaché à ce souci de montrer les films et les documents
qui sont étudiés dans les différents numéros de la revue.
Par exemple, nous avons montré des films de Bosetti l’été
dernier pour le numéro 21 de la revue, au mois de juin ce
sera autour d’Orson Welles et la télévision. On commence maintenant
seulement à faire ce travail spécifique. Ce qui me plait dans
le cinéma, c’est cette envie de raconter des histoires et
de transmettre une passion pour des films. L’idéal serait
que le lecteur, en ayant lu la revue, ait envie d’aller voir
les films. Et non pas d’être dégoûté, ce qui m’arrive souvent
en lisant des critiques, surtout par rapport à l’esthétisme
du cinéma et à « l’ancien régime » de la revue.
Cela ne donne absolument pas envie d’aller voir les films
ni de vérifier ou de réfléchir. Pour moi c’est un exercice
assez mortel.
Le grand projet de la revue serait de faire quatre fois par
an cette politique éditoriale avec ses deux grands axes :
au moins deux articles par numéro consacré à deux cinémathèques
dans le monde entier. Que ce soit un article sur un musée
du cinéma ou sur une cinémathèque avec ses archives comme
à Belgrade ou à Hong-Kong. Je demande à des historiens des
articles sur des sujets précis, outre la collaboration des
membres du comité de rédaction tels que Claude Gauteur sur
Welles et le film noir ou Henri Jeanson au théâtre ou Philippe
d’Hugues sur Renée Lichtig et les films Albatros. C’est toujours
dans le but de faire un mélange éclectique qui fonctionne
bien.
Objectif Cinéma : Une
question naïve : il existe suffisamment de cinémathèques
pour tenir un programme éditorial ?
Glenn Myrent : Au
rythme de deux numéros par an, oui ! Il y a environ près
de 150 cinémathèques dans le monde.
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