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Guy Claude François (c) D.R. GUY CLAUDE FRANCOIS
Chef Décorateur

Propos recueillis, le 11 février 2003
Par Alexandre TSEKENIS



Complice depuis la première heure d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil, Guy Claude François est scénographe pour la scène (théâtre, opéra, concerts…), les musées ou expositions, l’architecture. Son agence Scène a conçu, en collaboration avec des architectes, plus de cent cinquante salles de spectacle.

Menant en parallèle une carrière de décorateur de cinéma - et récoltant plusieurs nominations aux césars - on lui doit les décors de films signés Bertrand Tavernier, Coline Serreau, Philip Kaufman ou James Ivory, et plus récemment, l’univers moyenâgeux du Pacte des loups.


  Ariane Mnouchkine (c) D.R.

Objectif Cinéma : Quelle est votre formation ?

Guy Claude François : L’école m’a appris ce qu’on appelait « les humanités » : les lettres classiques, le latin, le grec… Plutôt que l’apprentissage d’un métier. Après le bac, j’ai choisi d’intégrer l’Ecole de Théâtre de la rue Blanche, aujourd’hui située à Lyon. Pour préparer le concours d’entrée, j’ai appris le dessin dans une Académie, et l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre. Une fois reçu, j’ai suivi deux formations au sein de l’école : décorateur et régisseur.

Mon premier contact avec le cinéma s’est fait pendant mon service militaire, au service du cinéma des armées. On y tournait des reportages et des fictions, beaucoup de gens de cinéma sont passés par là. Finalement, c’est l’armée qui m’a permis de comprendre l’organisation d’un film.

J’ai persévéré dans le théâtre, et j’ai rencontré Ariane Mnouchkine à qui je suis resté fidèle jusqu’à aujourd’hui. C’est le Théâtre du Soleil qui m’a conduit à m’intéresser à l’architecture, car à chaque spectacle, il s’agissait de reconstruire une architecture totale, et non de s’installer dans le cadre d’un théâtre « à l’italienne ». Et je me suis intéressé au cinéma à partir du film Molière, en 1978. Ce film a été le déclencheur. Grâce à lui, j’ai été reconnu et sollicité par le milieu du cinéma.

Molière (c) D.R.

Objectif Cinéma : Aviez-vous alors la volonté de vous diversifier, de vous éloigner du théâtre ?

Guy Claude François : Absolument pas. J’ai toujours été pragmatique, sans plan de carrière. Ce dont j’étais sûr, c’était d’éviter le théâtre académique, j’y sentais une barrière à l’innovation.


Objectif Cinéma : Vous connaissiez le cinéma ?

Guy Claude François : A l’époque - je suis né en 1940 - on y allait souvent, disons deux fois par semaine. Le cinéma faisait partie de la vie, je voyais des films comme je lisais des livres. Depuis, je dois avouer que je préfère faire du cinéma plutôt que d’y aller. En revanche, je regarde beaucoup de films en DVD.


Objectif Cinéma : Toute la compagnie d’Ariane Mnouchkine a participé à Molière. Le film s’est donc tourné avec l’esprit d’une troupe de théâtre ?

Guy Claude François : Molière dure près de 4 heures, c’était une production assez gigantesque. Le décor a coûté 35 MF de l’époque, ce qui était énorme et plutôt rare. C’était mon premier film et je croyais que le cinéma était tout le temps comme ça, avec beaucoup de moyens, et une grande liberté de création. La même liberté artistique qu’au Théâtre du Soleil avec, bien entendu, des contraintes techniques et une grande vigilance à l’aspect financier. La moitié du film a été tournée à la Cartoucherie de Vincennes, (une ancienne cartoucherie investie par le Théâtre du Soleil en 1970, transformée en lieu de travail et de représentation théâtrale) et non dans un studio traditionnel.

Cet esprit de troupe peut se retrouver au cinéma, tout dépend des équipes. Mais il est vrai qu’à l’heure actuelle, les choses doivent être efficaces, rapidement rentables. Cela altère l’esprit artistique et d’équipe. Personnellement, je n’en suis pas trop gêné, je sais que malgré ça, je peux vivre des moments agréables en faisant un film.