Les décors de Jacques
Rouxel naviguent entre le polar contemporain (Regarde les
hommes tomber, Zonzon, Une affaire privée…) et les reconstitutions
d’époque chères à Jean-Paul Rappeneau, tel son dernier opus,
Bon voyage. En lui décernant le César du meilleur décor
pour Lautrec, la profession, qui souvent distingue
les constructions spectaculaires, a récompensé un film entièrement
tourné en décors naturels.
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Objectif Cinéma :
Pour un projet de film, qui
vous contacte en premier ? Le réalisateur, le producteur ?
Jacques Rouxel : Tous
les réalisateurs n’ont pas leur décorateur attitré. Ce sont
souvent les producteurs qui nous appellent en s’appuyant sur
les films précédents, sur le bouche-à-oreille. Nous sommes
mis en concurrence et l’on ne nous le cache pas : « Nous
rencontrons d’autres personnes en ce moment ».
C’est au réalisateur que revient la décision finale, mais
le producteur influe sur le choix du lieu de tournage, le
choix des chefs de poste - donc, du chef décorateur. Tout
en étant responsable de la qualité globale du film, le producteur
veille bien sûr à rentrer dans un plan de financement. C’est
la recherche d’un juste équilibre entre l’aspect financier
et l’artistique. Je pense que l’artistique doit être déterminant,
car les problèmes d’argent, ça peut se résoudre, on arrive
à entrer dans le budget décor si on sait s’entourer de collaborateurs
carrés et vigilants.
Les rencontres et le feeling jouent un rôle très important.
J’ai fait mon premier film en tant que chef déco pour Didier
Haudepin, que j’avais rencontré à la SFP, quand j’y faisais
des « piges » en tant que peintre. Pour gagner ma
vie, je venais faire une découverte, un fond peint, des faux
marbres… Dans le cas de Jean-Paul Rappeneau, il m’a contacté
pour Cyrano après qu’une de ses collaboratrices a vu
mon travail pour La soule, qui était un film d’époque.
Objectif Cinéma : Vous
vous destiniez à la peinture ?
Jacques Rouxel : Ma
première passion était le dessin, la gravure. Après les Beaux-arts
en province, j’ai fait les Arts appliqués, et obtenu le diplôme
national d’architecture intérieure. Mais je voulais être artiste
et en sortant de l’école, j’ai fait de la gravure et exposé
une année de mon travail.
J’ai réalisé l’existence des professions du décor en entrant
sur un plateau de cinéma. Jusque-là, je n’en avais pas vraiment
conscience, bien que travaillant dans un domaine artistique.
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