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Objectif Cinéma :
Sur Cyrano, le scénographe
Ezio Frigerio était directeur artistique, poste plutôt rare
dans le cinéma français. Comment s’est réparti le travail entre
vous ?
Jacques Rouxel :
Rappeneau connaissait le travail de Frigerio pour le théâtre
ou l’opéra et voulait qu’il apporte sa touche baroque à Cyrano.
J’ai été appelé au bout de quelques mois de préparation, quand
il est devenu évident que Jean-Paul avait besoin d’un interlocuteur
régulier et de quelqu’un sur le terrain. Le travail s’est
partagé ainsi : Frigerio s’est occupé de la partie en
studio à Budapest (neuf semaines de tournage), et moi des
onze semaines sur toute la France : raccords, aménagements,
extérieurs, etc.
J’ai été crédité « Chef décorateur France ». Frigerio
a reçu un César, mais j’ai eu ma petite récompense en étant
nominé avec lui aux Oscars, car les Américains prennent en
compte les deux postes, l’art director et le set
decorator.
Objectif Cinéma : Vous
travaillez ensemble sur le film suivant de Rappeneau, Le
hussard sur le toit.
Jacques Rouxel : Après
le succès de Cyrano, la production a pensé qu’on ne
change pas une équipe qui gagne. Mais il a fallu engager un
second chef décorateur, Christian Marti, en raison du très
grand nombre de décors et de leur dispersion, le tournage
s’étalant sur une dizaine de départements.
Contrairement au film précédent, Le Hussard a été entièrement
tourné en France, en grande partie autour d’Aix-en-Provence.
Il fallait impérativement un cover set à proximité,
c'est-à-dire un décor en intérieurs pour se retourner en cas
d’orage. On s’est installé dans le centre d’essais nucléaires
de Cadarache, qui comporte des silos - sains, parait-il. Tous
les intérieurs provençaux, l’appartement de Pauline, les fermes,
etc, ont été construits dans ces volumes grands comme des
plateaux de cinéma.
Sur ce film, il y a eu de nombreuses reconstitutions et des
interventions en extérieur. Par exemple, on a pris en perspective
le village de Cucuron, et dans un champ en amont, on a construit
des toitures de maisons qui « jouaient » avec les
toits anciens.
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Objectif Cinéma :
Nul doute que Jean-Paul Rappeneau
accorde une grande importance au décor.
Jacques Rouxel :
Je ne pense pas, en tant que décorateur, que l’on puisse travailler
avec un meilleur metteur en scène. Rappeneau est un chef d’orchestre
qui a des idées précises et qui place la barre très haut,
avec une grande rigueur. Pour Bon Voyage, il disait
que chaque élément du film était comme la pièce rare d’une
marqueterie. Tout avait sa place, afin d’obtenir l’image finale
comme quand on reconstitue un puzzle.
Rappeneau connaît tous les enjeux techniques d’un film, le
poids des choses, et il sait ce que représentent ses demandes.
C’est très agréable de travailler avec un metteur en scène
qui soit autant attentif au moindre détail.
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