José Padilha, né à Rio
de Janeiro en 1967, est diplômé en Administration d´Entreprises
à l´Université PUC de Rio. Il a réalisé deux films, Bus
174 ( Ônibus 174 ) et les Paysans (Os
Pantaneiros,) et a produit Les Charbonniers (Os
Carvoeiros). Son prochain projet est un documentaire sur
la faim, qu’il a commencé à réaliser en 2001.
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Objectif Cinéma :
Aviez-vous assisté à la prise
d’otages lors de sa retransmission en direct à la télévision
brésilienne ? Est-ce que l’idée de réaliser Omnibus
174 vous est venue rapidement après le drame ? Pourquoi celui-ci
et pas un autre ?
José Padilha : L’idée
a surgi tout de suite après, et la raison en était simple :
je voulais savoir comment un ex-survivant de la tuerie de
la Candelária était devenu le « bourreau » de l´autobus
174. J’avais le pressentiment que l´histoire de Sandro était
importante et qu’elle raconterait l´univers des enfants de
rue et des jeunes délinquants comme un tout, montrant comment
le gouvernement brésilien a tendance à les pousser à la violence.
Objectif Cinéma : Le
film repose beaucoup sur des images tournées par les chaînes
de télévision, que vous avez remontées en y ajoutant vos propres
images. Ce qui a un impact important sur le spectateur, surtout
sur grand écran. Comment s’est effectué le choix de ces images ?
Vous étiez-vous fixé des critères ?
José Padilha : Si
vous faites référence aux images de l´autobus, j’ai tout d’abord
décidé de ne pas utiliser les images avec les journalistes
et de me maintenir dans l´univers moins exploré des images
directes de l´autobus. À partir de là, j’ai commencé à choisir
les images que je jugeais nécessaires pour raconter les détails
importants du séquestre et révéler la psychologie de Sandro.
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Objectif Cinéma :
Omnibus 174 est un documentaire
dur parce qu’il joue d’une certaine manière un rôle de miroir
de la société brésilienne. On y voit la police, les otages,
le preneur d’otages, la foule et les journalistes. Et tous
paraissent plus fous les uns que les autres, et prennent des
décisions qui apparaissent dénuées de tout raisonnement. Est-ce
la situation exceptionnelle qui a provoqué de telles réactions
ou est-ce un reflet précis de la société ? Y voyez-vous,
plus généralement, une parabole de l’impuissance des pouvoirs
publics à agir face à la pauvreté ?
José Padilha :
Le motif est très fragile et les conditions nécessaires pour
qu’une société décide de manière rationnelle de son destin
sont difficilement satisfaites et ne le sont certainement
pas dans la société brésilienne. La raison est une forme particulière
de résoudre les problèmes, et son application par une communauté
implique que les institutions soient capables de formuler
les problèmes du point de vue de la société comme un ensemble.
La police, par exemple, devrait être l’une de ces institutions
en ce qui concerne la sécurité. De même pour les systèmes
judiciaires et pénitencier. Or, dans le cas de l´autobus 174,
on s´aperçoit que les institutions brésiliennes résolvent
des problèmes pour ses administrateurs momentanés, et non
pour la société. Quel problème le gouverneur et la police
essayaient de résoudre durant le séquestre ? Le système pénitencier
brésilien est-il projeté pour la récupération des personnes ?
Quel problème voulait résoudre les journalistes présents ?
Si vous réfléchissez un peu à ces questions, vous verrez que
Omnibus 174 est une expression claire de la société
brésilienne et de l´impuissance de ses institutions.
Objectif Cinéma : En
démarrant votre travail d’investigation sur cette affaire,
quel était votre moteur, quel but souhaitiez-vous atteindre
?
José Padilha : Mon
principal objectif était de comprendre la vie de Sandro.
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