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Objectif Cinéma :
Récemment, on a pu voir sur
les écrans un autre documentaire tiré d’un fait divers :
Bowling for Columbine de Michael Moore. De manière
différente, vous mettez en avant une société qui se scandalise
d’un tel fait divers, qui le regarde (à la télé), peut-être
la fascine (elle le revoit sur grand écran), mais qui semble
impuissante. Car les raisons sont plus profondes. Quel état
des lieux faites-vous de la démocratie brésilienne, de son
fonctionnement ?
José Padilha : Je
pense que la démocratie brésilienne fonctionne de manière
précaire, mais je pense aussi qu’elle s´améliorera avec le
temps. Je ne crois pas que la démocratie soit une méthode
de choix supérieur. L´histoire montre que la démocratie se
justifie difficilement de cette manière. Hitler, par exemple,
a été élu démocratiquement. Pour moi, la démocratie est une
méthode civilisée et pacifique de s´éloigner des dirigismes
et des méthodes administratives qui ne marchent pas.
Avant la démocratie, les mauvais dirigeants ne pouvaient être
écartés que par la force. Avec la démocratie, ils peuvent
l´être par le vote. Ainsi, la démocratie fonctionne bien quand
elle permet vraiment la contestation des mauvaises expériences
administratives. Pour cela, le vote direct n’est pas suffisant.
Des vraies structures partisanes et des méthodes de financement
électorales justes sont nécessaires. Ceci nous ne l’avons
pas encore.
Objectif Cinéma : Dans
certains entretiens, vous vous référez au film Notícias
de uma guerra particular de João Moreira Salles. En quoi
ce film, plus qu’un autre, était-il si important pour vous ?
José Padilha : De
nombreux journalistes me posent des questions sur le film
Notícias de uma Guerra Particular car ils l´associent
à Omnibus 174. Pour eux, les deux films se ressemblent
parce qu’ils abordent la violence de Rio de Janeiro. J’aime
beaucoup le film de João et de Katia, mais il ne m´a pas influencé
en tant que réalisateur et n’a pas été non plus une référence
pour moi durant le tournage d’Omnibus 174. Je fais
référence de manière répétitive au film Notícias de uma
Guerra Particular car les journalistes me posent sans
arrêt des questions à son sujet, comme vous-même venez de
le faire !
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Objectif Cinéma :
A deux moments dans le film,
la réalité dépasse totalement la fiction : la jeune otage
abattue par erreur, puis le preneur d’otage lui-même tué par
la suite alors que la police l’avait maîtrisé. D’ailleurs,
vous remontrez sous plusieurs angles le tir du policier qui
surgit à l’écran, presque de manière obsessionnelle. Pourquoi
ce choix ? Pourquoi selon vous il était important de
montrer et de remontrer cette image ?
José Padilha : Cette
image est la scène finale, non seulement de l´histoire du
séquestre mais aussi de la vie de Geisa. Elle décide aussi
le destin de Sandro. Le fait de répéter la scène au ralenti
donne le temps au spectateur de réfléchir, et de montrer que
ce qui est arrivé ne représente pas une erreur individuelle
d´un policier qui a pris un risque non nécessaire, mais le
résultat « inévitable » d’une tragédie mise en scène
chaque jour, et qui se répétera inévitablement à l’avenir.
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