Objectif Cinéma :
En participant à des productions anglo-saxonnes tournées en
France, vous vous adaptez à d’autres méthodes ou habitudes
de travail ?
Françoise Benoit-Fresco :
On travaille comme d’habitude. Mais eux s’attendent à ce qu’on
travaille différemment. Les Américains sont toujours étonnés
par nos équipes peu nombreuses. Sur certains films français,
il arrive que l’on ait autant de temps de préparation, par
exemple plus de 5 mois sur Le hussard sur le toit et
Cyrano. Mais eux, ils ont un monde insensé et leur
travail est partagé de façon bien plus rigoureuse. Chacun
s’occupe très précisément de son domaine, alors que nous avons
tendance à cumuler. Comme je l’ai dit, un régisseur d’extérieur
peut faire un travail d’assistant.
Quand les réalisateurs américains ou anglais viennent tourner
en France, ils amènent avec eux leur Production Designer,
qui est comme un Directeur artistique. Ils embauchent un décorateur
exécutant français qui connaît le terrain et qui travaille
un peu comme un sous-traitant. C’était le cas sur le Brian
de Palma. Mais sur Vatel, c’est Jean Rabasse seul qui
a signé le décor du film.
Objectif Cinéma :
Quels sont les relations avec
les réalisateurs américains ?
Françoise Benoit-Fresco :
Les contacts sont moins directs. Pas tellement à cause de
la langue, mais sans doute parce qu’ils sont en territoire
étranger. Et puis, ces réalisateurs, qu’ils soient d’un caractère
renfermé comme Brian de Palma, ou adorables comme Norman Jewison,
sont considérés comme des stars, on sent qu’ils sont protégés,
bichonnés par leurs assistants. Sur un plateau, on ne peut
pas avoir les mêmes relations avec eux qu’avec disons, Jean-Paul
Rappeneau.
Objectif Cinéma :
Y a-t-il un style de décor, un genre de film que vous n’avez
jamais abordé et qui vous fait rêvez ?
Françoise Benoit-Fresco :
Comme ensemblier, j’aurais évidemment aimé travailler avec
Visconti. Ses films et ses décors me correspondent plus que
ceux d’un Fellini, par exemple. Sinon, j’aurais adoré faire
un décor de western. Je ne sais pas si j’en serais capable,
mais j’ai toujours aimé les westerns et c’est un genre qui
n’existe pas en France.
* Parmi les nombreux
films de Robert Christidès, Le plaisir
et Lola Montès de M. Ophuls, Marie-Octobre
de J. Duvivier, Le Samouraï, de J.P Melville,
Le magnifique de P. de Broca, etc…
La fleur du mal de Claude Chabrol (décorateur) Rien ne va plus de Claude Chabrol avec
Isabelle Huppert (décorateur) Betty de Claude Chabrol avec Marie Trintignant
(décorateur) Masques de Claude Chabrol avec Philippe
Noiret (décorateur) Inspecteur Lavardin de Claude Chabrol
avec Jean Poiret Femme fatale de Brian De Palma avec Rebecca
Romijn-Stamos Vidocq de Pitof avec Gérard Depardieu,
Guillaume Canet Vatel de Roland Joffé avec Gérard Depardieu,
Julian Sands La Couleur du mensonge de Robert Benton
(décorateur) Le Cousin d'Alain Corneau avec Alain
Chabat, Samuel Le Bihan Tonka de Jean-Hugues Anglade avec Pamela
Soo, Marisa Berenson Rimbaud Verlaine de Agnieszka Holland
avec Leonardo DiCaprio Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau
avec Juliette Binoche Léon de Luc Besson avec Jean Reno, Gary
Oldman Secrets de famille (Familjehemligheter)
de Kjell-Ake Andersson Van Gogh de Maurice Pialat avec Jacques
Dutronc, Alexandra London Cyrano de Vincent Lindon avec François
Berléand, Manöelle Gaillard Sweet Revenge de Mark Sobel avec Martin
Landau, George E. Mahlberg Une affaire de femmes de Claude Chabrol
(décorateur) Un été d'orages de Charlotte Brandstrom
avec Eva Darlan (décorateur) On ne meurt que deux fois de Jacques
Deray avec Charlotte Rampling Poulet au vinaigre de Claude Chabrol
avec Stéphane Audran (décorateur) Le Bon Plaisir de Francis Girod avec
Catherine Deneuve, Michel Serrault The Statement de Norman Jewison