Objectif cinéma
: Est-ce que l'art est aussi
libératoire que le carnaval pour vous ?
Karim Aïnouz
: L'art, pour moi, c'est l'expression de ce que représente
pour une personne le fait d'exister. C'est sa vision du monde.
Je me souviens d'avoir lu un article sur une photographe américaine
qui était une femme au foyer très riche et qui faisait des
photos de son propre milieu qui étaient très belles. Donc
pour moi, l'art n'est pas lié à l'exclusion et la marginalité,
mais c'est la traduction matérielle d'une sensibilité. Personnellement,
je le fais parce que j'adore les gens. Je veux donner aux
gens et je veux les rencontrer.
Objectif cinéma :
Est-ce que le fait de vivre à New York vous aide à traduire
une vision de votre pays natal, le Brésil ? Karim Aïnouz
: Moi, je viens de Fortaleza. C'est la ville, la plage,
et après le Sertão. A New York, j'adore cette sorte d'irrévérence
que j'ai décrite au début. L'autre chose qui est importante
dans cette culture urbaine, c'est la compréhension de la
pop culture. Je crois que João Francisco était vraiment
une icône pop d'une certaine façon. Mais je ne pourrais
pas tourner de films sur les Etats-Unis. J'adore cet exil
volontaire, avec un regard décalé sur le Brésil. L'idée
que je garde de ce pays, c'est la cohabitation entre le
plaisir et la violence. Une compréhension qu'on est là pour
pas très longtemps et qu'il faut en profiter.