|
|
|
|
Objectif cinéma
: Qu'est-ce qui a choqué
en particulier ?
Karim Aïnouz
: La scène d'amour avec Renatinho, alors qu'elle n'est pas
si graphique. Cette scène a été reçue comme une scène de
sexe torride, alors que pour moi, c'est une belle scène
d'amour.
Objectif cinéma
: Est-ce que vous avez déjà
des projets en cours ?
Karim Aïnouz
: Oui, j'ai deux projets en cours. L'un est un film très
brésilien, contemporain. C'est l'histoire d'une jeune fille
dans le Sertão (région aride du Nordeste, dans l'Etat de
Bahia, NDLR), avec beaucoup d'extérieurs, beaucoup de jour,
beaucoup d'improvisation. C'est un peu le contraire de Madame
Satã, sur la jeunesse et l'espoir de quelqu'un qui vient
d'un milieu très pauvre. L'autre projet est une histoire
d'amour dans un aéroport. J'ai toujours voulu faire une
histoire d'amour. Je crois que Madame Satã était
un projet tellement lourd, tellement complexe, que le projet
sera plus simple, plus essentiel.
Objectif cinéma
: Madame Satã
est un film assez sombre, à la fois au niveau de l'ambiance
et du traitement de la lumière et des contrastes...
Karim Aïnouz
: Tout-à-fait. C'est un film de nuit. Je voulais que la
nuit soit sombre mais chaude, accueillante, et le jour,
un peu vert, acide.
|
|
|
|
Objectif cinéma
: Et la lumière agresse.
Les scènes d'extérieur sont aveuglantes...
Karim Aïnouz :
Ca me fait plaisir que vous disiez ça. C'est exactement
cette idée, que ça soit surexposé, comme lorsqu'on se réveille
le matin avec la geule de bois...
Objectif cinéma
: Avant de se quitter, j'aurais
aimé évoquer l'importance du carnaval dans la société brésilienne.
Je le vois comme un moyen pour les gens marginalisés de
se libérer des contraintes sociales et de donner libre cours
à leur fantaisie en se déguisant et en s'inventant une autre
identité, comme le faisait Madame Satã avec tant de brio.
C'est grâce au carnaval que Madame Satã se faisait accepter
dans une société homophobe... Que représente le carnaval
pour vous ?
Karim Aïnouz
: Moi je suis absolument fou du carnaval depuis l'âge de
30 ans. Mon prochain projet est d'ailleurs une installation
pour le carnaval de Recife, qui est mon carnaval préféré.
Pour moi, ce qui est intéressant, c'est le mélange spontané
des gens, et à Recife, c'est encore comme ça. Les gens font
spontanément partie du spectacle, mais à Rio, on regarde
le spectacle, c'est du show business. A Salvador, il faut
souvent payer pour accompagner les chars, et ça enlève de
la magie.