PHILIPPE
GERMAIN Délégué général
de l’agence du court métrage
STEPHANE KAHN Programmateur à l’Agence
du court métrage, organisateur
de la manifestation « Les 20 ans
de l’Agence du court métrage »
Entretien
réalisé
à Paris le 3 octobre 2003
par Bernard PAYEN
LES 20 ANS DE L’AGENCE DU COURT METRAGE
Si l’on s’en tient aux définitions officielles, l’agence du
court métrage est « une association loi 1901 créée
en 1983 par un groupe de professionnels du cinéma (auteurs,
réalisateurs, producteurs et distributeurs) dans le but de
promouvoir et favoriser la diffusion du court métrage en France.
Elle permet donc, depuis près de vingt ans, de faire le lien
entre ceux qui font les films courts et ceux qui les montrent. »
En vingt ans, les différents acteurs de l’agence ont réalisé
un travail phénoménal pour redonner une identité au film court
et faire en sorte qu’il soit de plus en plus vu. Les domaines
d’intervention sont aujourd’hui innombrables, l’agence est
devenu une véritable « cinémathèque du court »,
comme en témoignent dans cet entretien fleuve Philippe Germain,
actuel délégué général venu de l’A.P.C.V.L. (Atelier Production
Centre Val de Loire) et Stéphane Kahn, rédacteur à Bref,
fin programmateur à l’agence, et soupçonné d’être tombé très
tôt dans la marmite du court métrage…
Objectif Cinéma :
Dans quel contexte est née l’Agence du court métrage ?
A l’époque, tout était à faire !
Philippe Germain :
Tout était à faire, sauf les films courts, puisqu’il y avait
déjà 300 à 400 courts métrages produits chaque année. Dans
les années 70-80, avec l’évolution du parc de salles de
cinéma, la multiplication des écrans, les horaires réguliers
(14h, 16h, etc), les recettes publicitaires issues des pubs
programmées, la disparition de l’obligation pour les exploitants
de passer des films courts, le court métrage commençait
à disparaître du spectacle cinématographique. La rencontre
avec le public ne se faisait plus dans les salles de cinéma
et très rarement dans les festivals. A cette époque, c’était
un véritable parcours du combattant pour mettre en place
une diffusion des films courts, pour trouver les films,
savoir à quel tarif les négocier, obtenir des photos d’exploitation,
etc. Comme pour témoigner de cette période difficile pour
le film court (même si la période actuelle n’est pas toujours
idéale), l’association qui a créé le festival du court métrage
de Clermont-Ferrand, s’appelle d’ailleurs « Sauve qui
peut le court métrage ». Cela montre un peu l’état
d’esprit d’alors.
Objectif Cinéma :
L’appellation « court métrage » n’existait pas
à l’époque ?
Philippe Germain :
Pendant longtemps, on disait « docucu » ou documentaire,
il y a eu des évolutions…
Stéphane Kahn :
Cette image du court métrage comme documentaire est vraiment
liée à la période des années 40-50. Avec les années 60 et
la nouvelle vague, on a assisté de plus en plus à un basculement
des films courts vers la fiction, mais longtemps après,
on a encore longtemps associé les courts aux documentaires,
qui étaient souvent des films institutionnels plutôt inintéressants,
commandés par des collectivités. Les courts pouvaient alors
pâtir de cette image.