Un matin pluvieux. Rue Blanche. Dans
sa boutique, au milieu de cartons de livres qui donnent l'impression
qu'un déménagement est en cours, Thierry Steff évoque le sort
de Dreamland, maison d'édition consacrée aux livres de
cinéma qu'il a fondé avec des amis au milieu des années 90.
En redressement judiciaire suite aux difficultés rencontrées
par son distributeur, l'existence de Dreamland paraît bien compromise.
Où comment l'imparfait se glisse naturellement dans la conversation.
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DREAMLAND : LA FIN
D’UN REVE ?
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Objectif Cinéma
: Pour commencer, où en sont exactement
les éditions Dreamland ?
Thierry Steff : Depuis octobre,
nous sommes en redressement judiciaire. Cela fait suite aux
problèmes que nous avons connus avec notre distributeur cet
été. Nos livres ne sont plus livrés en librairie depuis juin,
la mise en place des bouquins que nous avions prévus pour
Noël n'a pas été effectuée. Nous n'avons donc plus de rentrées
d'argent, à part les ventes directes au local ou sur Internet
avec le site que nous avons créé. Mais ces bénéfices sont
minimes : ils servent juste à payer le loyer et l'électricité
! Seul point positif : le redressement judiciaire permet de
bloquer les dettes qui n'auraient pas manqué de s'accumuler.
Ce qui nous arrive c'est le mauvais côté de l'indépendance.
Objectif Cinéma : Y
a-t-il une chance pour que Dreamland continue son activité
?
Thierry Steff : Je dirais oui
pour espérer ! Mais cela va être difficile. La conjoncture
est difficile pour le monde de l'édition. Avec plus de huit
cent romans qui paraissent à la rentrée, il est difficile
d'émerger. Tout le secteur va mal, et les livres de cinéma
ne font pas exception. Notre principal concurrent, Les
Cahiers du cinéma, vend assez mal. Cela étant dit, il
nous reste jusqu'au 28 décembre pour trouver un repreneur.
Nous allons essayer d'intégrer une grosse maison d'édition
ayant un réseau de distribution solide. Car en fait c'est
la deuxième fois que nous connaissons des difficultés avec
notre distributeur. Déjà, en 1997, nous avions failli déposer
le bilan à cause du dépôt de bilan de Distique, notre
premier distributeur. Mais à l'époque nous avions pu nous
en sortir, car nous étions en contact avancé avec Vilo,
un autre distributeur. Cette société nous paraissait sérieuse
et proposait de meilleurs services. La faillite de Distique
n'a fait que précipiter notre départ pour Vilo. Et,
aujourd'hui, ce sont les problèmes de Vilo qui nous
déstabilisent.
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