Entretien
réalisé en juillet 2003
au festival de Yokohama
Par Stephen SARRAZIN
Photos de Julles & Julles
Merci à Ayumi MANJU de Moviola
Passage remarqué à Yokohama de Mathieu
Amalric, peut-être seule véritable alternative leading man
à Vincent Cassel dans le cinéma français contemporain.
Plus mûr, plus costaud que le jeune thésard de Depleschin
découvert par les Japonais à la fin des années 90, Amalric
offrait à ce public une autre image, moins star system, souple,
disponible tout en étant en retrait. Je le rencontre un matin
dans les couloirs de l'hôtel, il émerge d'une soirée qui s'est
terminée, il y a peu. Chaussures de randonnée, pantalon de
marche passablement froissé, décoiffé, les jeunes femmes de
l'équipe domestique s'écriaient « kawai !!! »
plutôt que « kako-iiiii ! » Mignon plutôt
que cool, comme une peluche. Je leur demande si elles ont
vu Un Homme Un Vrai, elle se regardent, souriantes,
et répondent par un oui ému. Temps pour Amalric de s'éloigner
doucement vers l'entretien.
Mathieu Amalric :
Vous avez déjà escaladé le Mont Fuji ? Avec Arnaud et Jean-Marie
Larrieu, on se disait qu'on ferait de la montagne durant le
séjour.
Objectif Cinéma : Le
Mont Fuji, faut y aller afin d'être au sommet au lever du
soleil, car autrement c'est plus joli d'en bas qu'en haut...
Et puis juillet, ce n’est pas forcément la meilleure saison.
Mais en Shinkansen (bullet train), à 1 heure de Tokyo, vous
arrivez à Karuizawa, au Mont Asama, célèbre dans le film Carmen
revient au Pays, de Kinoshita, avec Chishu Ryu et Hideko
Takamine.
Mathieu Amalric :
Le problème, c'est qu'on n’a pas amené de matériel pour grimper,
on voulait faire de la marche. Vous pouvez m'écrire le nom
?
Objectif Cinéma : C'est
ce que font tous les Japonais qui s'y rendent, la randonnée
au sommet. Magnifique ! Alors ce personnage du film des frères
Larrieu, on a l'impression qu'il a été écrit pour vous.
Mathieu Amalric :
Vous savez, on avait déjà fait un film ensemble, La Brèche
de Roland, qui m'avait beaucoup amusé et fait tomber amoureux
de la montagne. Je devais y jouer un maladroit, fallait apprendre
en regardant des films burlesques, et je me suis rendu compte,
concrètement, qu'il fallait beaucoup d'adresse pour y arriver.
J'aime le processus de devoir apprendre à faire quelque chose
pour un rôle. Puis ils m'ont demandé, avec Un Homme Un
Vrai, si je voulais continuer.