Objectif Cinéma :
C'est intéressant pour vous d'être dirigé
par deux réalisateurs à la fois ?
Mathieu Amalric :
J'adore ça. On a l'impression d'être face à deux focales en
même temps. Jean-Marie, l'aîné, qui s'occupe des comédiens,
de la mise en place du film tandis que le cadet, Arnaud, est
plus poète, il est à la caméra (rires). Mais ils ont
ceci en commun de croire que l'aventure ultime ce n'est pas
d'escalader la montagne, mais que c'est la vie de couple. Ils
y croient, ils n'ont pas ce cynisme à faire des constats, ils
ont cette foi, faire des films qui sont plus beaux que la vie,
c'est assez touchant. J'aime beaucoup la manière qu'ils ont
de travailler sur les clichés de l'amour.
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Objectif Cinéma :
On sent que votre personnage est pressé d'arriver à la partie
du film qui le mènera à la montagne, lorsqu'il plonge du voilier,
à Ibiza.
Mathieu Amalric :
Eh oui, là il y a un basculement, c'est clair. Elle le quitte
pour une femme, il a son tour une expérience homosexuelle
sur l'île, tout se mélange. Puis il y a le centre, qui sont
« les enfants » : ce personnage et moi avions
cela en commun, comme avec Jean-Marie d'ailleurs. Puis à la
fin, ce couple qui se retrouve en jouant aux inconnus alors
qu'au début du film, ils jouent au vieux couple, dans l'appartement
d'Hélène, leur première nuit ensemble, ils font le ménage,
il lui demande si elle aura pas vu son pyjama...Les scènes
où ils chantent, qui pour eux avaient moins à voir avec, je
ne sais pas, disons Demy, qu'avec les coqs de Bruyère, avec
l'amour médiéval. Et on peut toucher au ridicule, comme dans
la scène où je chante dans la fête, on a un peu peur pour
moi. « Mais qu'il arrête de chanter' »...
Le cliché de déclarer sa flamme. C'était lié à la parade amoureuse
des coqs qui deviennent sourds et aveugles, un moment de fragilité
extrême.
Objectif Cinéma :
Ca vous dirait de chanter à nouveau au cinéma ?
Mathieu Amalric :
En fait j'avais chanté à deux reprises, la première dans un
court métrage que Jeanne Balibar avait réalisé, à la fête
de l'Huma, où je faisais Mick Jagger (rires), un cadeau
qu'elle me faisait, je chantais Sympathy for the Devil
et elle faisait les chœurs ! Mais surtout pour le pilote
de Jeanne et le Garçon Formidable que nous devions
jouer, nous. On avait eu de l'argent du CNC et on avait enregistré
quelques scènes, on avait pris des cours de chant. Puis ça
ne s'est pas fait, Jeanne était enceinte, l'assureur n'a pas
suivi... Une actrice enceinte n'a pas le droit de travailler...
Après, c'est le courage des producteurs...
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