Entretien
réalisé
le 9 octobre 2003 à Aubagne
Par Nicolas JOURNET
LE RYTHME DANS LA PEAU
Terrasse d'un restaurant
de spécialités méridionales, en plein Festival international
du film d'Aubagne. Le compositeur allemand Lars Löhn, 34 ans,
est en compétition pour la musique de Paule und Julia,
film réalisé par son frère Torsten et pour lequel il a reçu
plusieurs prix dans différents festivals internationaux. À
grand renfort de démonstrations vocales, absolument intranscriptibles
par écrit, le jeune homme tente d'expliquer à un néophyte
les subtilités de la musique expérimentale. Enrichissant.
Objectif Cinéma
: D'où vient votre passion pour
la musique ?
Lars Löhn
: J'ai débuté la musique à cinq ans. Très précisément à Firenze
en Italie dans la maison d'amis de mes parents. Ils avaient
un piano et j'ai commencé à en jouer. Mon père était restaurateur
de maisons anciennes, et ma mère restait à la maison. Elle chantait
toute la journée, tout le temps, sans raison particulière. C'est
à cause d'elle si je fais aujourd'hui de la musique !
Objectif Cinéma
: Et ensuite vous avez intégré
une école de musique, un équivalent allemand des conservatoires
français ? Lars Löhn
: Pas du tout. J'ai tout appris moi-même. A 11 ans, j'ai appris
à jouer de la guitare et du saxo, après j'ai commencé à chanter
et au final la musique m'a permis de financer mes études.
C'est vrai que plus tard j'ai intégré la Simdata à Berlin,
une école de musique avec 120 professeurs et plus de mille
élèves. Mais l'enseignement ne m'a pas plu, ne m'apportait
rien, alors je suis parti. J'ai intégré plusieurs groupes
berlinois aux styles musicaux très différents. J'ai même fait
une série de concerts à San Francisco. Vous savez, il existe
des liens très étroits entre les formations de jazz, de rock,
ou de musique ethnique. Les musiciens fréquentent les mêmes
lieux, les mêmes bars, ils vont aux concerts des uns et des
autres. On passe donc très facilement d'un groupe à l'autre,
d'un style de musique à l'autre.