Objectif Cinéma :
Pour conclure, quel est votre sentiment
sur le décor du cinéma français aujourd’hui ?
Jacques Saulnier : En
France, il y a des décors qu’on bâcle, on essaie de se concentrer
sur ce qui dure le plus longtemps à l’image. Même une simple
chambre d’hôtel dans une séquence très courte peut dire beaucoup
de choses sur un personnage. Il y a 50000 chambres d’hôtels
et elles sont toutes différentes, mais il faut faire celle
qui est juste. Souvent, les producteurs et les réalisateurs
ont tendance à prendre un nouveau décorateur ou quelqu’un
qui se dit décorateur. Ces jeunes sont tout de suite promus
chefs déco, ils apprennent le métier sur place, souvent mal.
Je peux tout à fait comprendre qu’ils aient envie d’aller
vite. Et qu’ils soient moins exigeants parce qu’ils débutent.
Mais ce n’est pas du décor que d’accrocher des rideaux et
changer trois meubles dans un appartement.
Sur un plateau, on ne connaît pas assez bien les autres métiers
du cinéma. Un metteur en scène doit savoir qu’à l’image, il
ne reste rien d’une pièce si on ne lui donne pas de longueur.
Qu’il s’agisse des producteurs, ou des jeunes directeurs de
production qui ont commencé comme régisseurs, ils doivent
savoir ce qu’est la lumière, un objectif, combien il faut
d’électriciens.
Pour conclure sur le décor, je citerai les chefs décorateurs
étrangers. En Europe, à Hollywood où ailleurs, dans leurs
interviews, tous disent les deux choses suivantes : d’une
part, le travail est très différent d’un film à l’autre selon
le sujet et le traitement du metteur en scène - c’est peut-être
cela qui nous permet de vieillir mieux - et d’autre part,
les problèmes d’argent sont redoutables. Je suis entièrement
d’accord avec eux.
(1) Des années 60
aux années 90, François de Lamothe a créé les décors
d’un grand nombre de films pour, entre autres :
Philippe de Broca, Jacques Deray, Robert Hossein,
Roger Vadim, Jean-Pierre Melville, Peter Glenville…Il
est également décorateur pour le théâtre.
Filmographie partielle en qualité de Chef décorateur
1957-1969 :
Films pour Louis Malle, Claude Chabrol, Alain
Resnais, Pierre Kast, Alexandre Astruc, Sydney
Lumet, Tony Richardson, Jean-Paul Rappeneau,
Henri-George Clouzot, etc…. 1970Le Chat de Pierre Granier-Deferre 1970Le Cinéma de Papa de Claude Berri 1971Le Casse d'Henri Verneuil 1971La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre 1972Le Fils de Pierre Granier-Deferre 1972Le Serpent d'Henri Verneuil 1973Stavisky d'Alain Resnais 1973Le Train de Pierre Granier-Deferre 1974
La Cage de Pierre Granier-Deferre 1974French connection II de John Frankenheimer 1976Providence d'Alain Resnais 1977Va voir Maman, Papa travaille de François
Leterrier 1979I comme Icare d'Henri Verneui 1979West Indies de Med Hondo 1980Mon oncle d’Amérique d'Alain Resnais 1980Chanel solitaire de George Kaczender 1981Mille Milliards de dollars d'Henri Verneuil 1982
La vie est un roman d'Alain Resnais 1983Les Morfalous d'Henri Verneuil 1983Un amour de Swann de Volker Schlöndorff 1984L’amour à mort d'Alain Resnais 1984Le Jumeau d'Yves Robert 1985Mélo d'Alain Resnais 1986Les Exploits d’un jeune Don Juan de Gianfranco
Mingozzi 1989I want to go home d'Alain Resnais 1989L’Autrichienne de Pierre Granier-Deferre 1992La Voix de Pierre Granier-Deferre 1992L’Archipel de Pierre Granier-Deferre 1993Smoking/no smoking d'Alain Resnais 1997On connaît la chanson d'Alain Resnais 2003Pas sur la bouche d'Alain Resnais