Entretien
réalisé
à Paris en décembre 2003
Par Florence POMMERY
En 2003, pas moins de 6 longs métrages
d'animation nationaux sont sortis en salles, parmi lesquels
Les triplettes de Belleville , Les enfants de la
pluie , Kaena, la prophétie, Le chien , le général
et les oiseaux (franco-italien).
Pour couronner cette année riche en événements animés Jacques
Rémy Girerd, fondateur de la société française Folimage présente
la Prophétie des Grenouilles, deuxième long métrage
intégralement réalisé en France depuis le Roi et l'Oiseau
de Paul Grimault en 1980.
Après un César pour Le petit cirque de toutes les couleurs,
un Cartoon d'or, un moyen métrage L’enfant au grelot
(330000 spectateurs) la création d'une école (La Poudrière)
et du Festival d’un jour il imagine son premier long
métrage revisitant le mythe du déluge avec fantaisie et humanité.
Une douce fable intimiste qui à l'instar du Roi et l'Oiseau
ou de Kirikou, associe la poésie, l’émotion et l’aventure
à un graphisme original et délicat.
La prophétie des grenouilles s’impose donc comme le
dessin animé incontournable de 2003. Retour avec Jacques Rémy
Girerd sur la création de ce film qui a nécessité six ans
de travail : deux longues années d'écriture, 36 mois de production
et un an de finitions.
Objectif Cinéma :
Comment est née l’idée de
départ du film La prophétie des grenouilles ?
Jacques Rémy Girerd :
L’idée de départ, c’est tout simplement la belle image de
l’arche de Noé. Celle qui remonte à l’enfance avec les animaux,
le drame du déluge. Je fais des films depuis 25 ans et chaque
fois qu’il en y a un qui se termine, je pense à une autre
histoire. D’où vient tout ça, je ne sais pas, de notre enfance,
de nos lectures, des rencontres que l’on fait, de ce que
l’on voit. Ici, l’arche de Noé s’est imposée très naturellement
parce que c’est une très belle histoire. Très vite, quand
j’ai regardé ce que je pouvais en faire, j’ai mesuré toute
la richesse de l’histoire que l’on pouvait en tirer.
Objectif Cinéma :
Comment s’est déroulée l’écriture
du scénario à trois mains avec Antoine Lanciaux et Iouri
Tcherenkov ?
Jacques Rémy Girerd :
La phase d’écriture proprement dite a pris deux années.
J’aime beaucoup écrire à trois parce qu’on a plus d’idées
et on évite la confusion. Si vous trouvez une bonne idée
et que les deux autres la rejettent il faut bien se dire
que finalement elle n’est pas bonne. J’ai appris quand je
me suis mis à chercher qu’une nouvelle idée est toujours
meilleure que celle qu’on croyait très bonne avant. C’est
une façon de travailler qui est un peu lente mais qui donne
d’assez bons résultats.