La Gazette du doublage :
Hormis dans Vents contraires
(1995), pourriez-vous dire à nos lecteurs européens dans quoi
ils ont eu l’occasion de vous voir.
Martin Watier :
Au cinéma, j'ai tenu le rôle d'Ernest Hemingway dans le film
documentaire IMAX Hemingway : un portrait.
J'ai aussi tenu le rôle de Gaston, aux côtés de Jennifer Love
Hewitt, dans le film Audrey Hepburn. J'ai joué dans
les téléfilms The Patty Duke Show Reunion et Fabulous
Showman P.T. Barnum.Finalement, à la télé, j'ai campé
des rôles formidables dans les séries The Hunger (Les Prédateurs,
vu en France sur 13ème Rue), Sirènes ( Les Anges
de la ville, diffusé sur M6.), Annie et ses hommes
et University.
La Gazette du doublage :
A l’instar de vos collègues,
toutes les facettes de l’art de la comédie vous sont familières
: télévision, cinéma, théâtre, doublage. Qu’est-ce qui vous
attire dans chacune de ces disciplines.
Martin Watier :
Chaque art offre son lot de défi et de possibilité d'expression.
Le théâtre, c'est l'extase d'être « live » devant
un public. C'est une dose d'adrénaline pure. C'est aussi la
base du métier d'acteur, la meilleure école qui soit. Jouer
sur scène nous ramène à l'essentiel. La télévision et le cinéma,
ou le travail de caméra, c'est la finesse du jeu ; la
caméra est témoin de vos moindres souffles, de vos pensées
les plus intimes. La caméra voit tout. On ne peut pas tricher
une émotion devant les caméras.
En doublage, c'est complètement autre chose. On ne crée pas
le personnage, on lui donne une autre voix. Le comédien à
l'écran est celui qui a créé le personnage et c'est donc à
lui que l'on doit être fidèle ; ce sont ces choix artistiques
à lui que l’on doit respecter. Finalement, l'animation, c'est
le médium où je m'éclate le plus ! En BD, le réel n'est
plus tangible ; la seule barrière est celle que nous
fixe notre propre imaginaire. J'aime tout particulièrement
la folie qu'encourage le dessin animé !
La Gazette du doublage :
La Guerre des étoiles, épisode
II , 54 (Studio 54),
Spiderman, Fight Club et bien d’autres. Vous
travaillez énormément pour les doublages 35 mm. Que pensez-vous
apporter aux comédiens auxquels vous prêtez votre voix et
que retirez-vous de ces experiences ? Prenons par exemple
le cas de Ryan Philippe dans Un pari cruel (Sorti en
France sous le titre Sexe intentions !),
adaptation novatrice et mésestimée des Liaisons dangereuses.
Martin Watier :
Lorsque je double un acteur, j'essaie de rendre le plus fidèlement
possible l'interprétation de celui-ci. Lui prêter ma voix
me permet de goûter à ses choix artistiques, d'entrer dans
sa peau, dans sa tête. De cette façon, je peux observer son
interprétation du personnage « de l'intérieur. »
De tous les films que j'ai doublés, vous mentionnez Un
pari cruel. Quelle drôle de coïncidence ! En
effet, le rôle de Valmont est l'un des personnages qui, de
toute ma carrière, m'ont le plus inspiré. Ce qui est beau
du métier d'acteur, c'est qu'en offrant une partie de nous-mêmes
aux personnages que nous incarnons, ceux-ci, en retour, nous
inspirent et nous enseignent.