Entretien
réalisé
le 9 janvier 2004
Par Bernard PAYEN
Pour de nombreux amateurs de courts métrages,
Sacrebleu, c’est d’abord La flamme, petit film (3’)
réalisé en 2000 par Ron Dyens, ou les déboires d’un homme
littéralement « enflammé » d’amour pour une jeune
femme sur une plage de Deauville. La brûlure de la pellicule
est passée par là. Hommage volontaire ou non au cinéma muet,
La flamme n’en est pas moins très efficace. Il a cartonné
dans les festivals et à la télévision, a donné à lieu à une
« suite », Paroles, paroles (ou comment cette
fois « s’envoyer en l’air » !), réalisée dans
la même veine et a surtout fait connaître une jeune société
de production créée en 1999 par deux passionnés, Ron Dyens
(également réalisateur, donc) et Jérôme Yermia (monteur, réalisateur).
Sacrebleu, c’est aujourd’hui une dizaine de films produits,
et la volonté de passer à la vitesse supérieure. En témoigne
d’abord Derrière les fagots de Ron Dyens, film insolite
sur les bouffées d’enfance d’une jeune mère de famille. Ce
court métrage permet justement à Sacrebleu de sortir de l’adolescence
pour aborder des sujets plus ambitieux (Doux et mou
de Lucie Duchêne, ou le regain d’amour chez les quinquas),
des genres nouveaux comme le cinéma d’animation (le poétique
et prometteur La routine de Cédric Babouche) et révéler
des auteurs (allez, soyons juge et partie et citons Matt Dray,
collaborateur à Objectif Cinéma, dont le deuxième film,
20 novembre est une véritable « proposition de
cinéma »).
Dans cet entretien, Ron Dyens, l’une des deux moitiés de Sacrebleu,
revient sur l’histoire, l’actualité et les projets de la société
de production.
Objectif Cinéma :
Comment est né Sacrebleu
productions ?
Ron Dyens :
Avec Jérôme Yermia, également réalisateur, nous avons créé
Sacrebleu en 1999 parce que nous n’avions pas trouvé notre
place dans les maisons de production de courts métrages
qui existaient alors. Notre souhait était aussi de permettre
à d’autres réalisateurs, scénaristes, de trouver un lieu
où ils puissent faire leur film. Avec Jérôme, nous avons
essayé de concilier nos approches différentes mais complémentaires
du cinéma. Et cela doit marcher puisqu’on n’a pas encore
divorcé au bout de cinq ans ! (rires).
Objectif Cinéma :
Quelle est l’origine du nom
de Sacrebleu ?
Ron Dyens :
C’est un juron positif. Quand on dit « Sacrebleu ! »,
on peut être bloqué devant quelque chose, mais on finit
toujours par le dépasser.
Objectif Cinéma :
Et le visuel ?
Ron Dyens :
Je l’ai fait avec un ami. C’est un « sacre bleu »,
une couronne. C’est les dents de la mer aussi !
(rires).
Objectif Cinéma :
Combien de scénarii recevez-vous par
mois ?
Ron Dyens :
En temps normal, on en reçoit une dizaine ou une vingtaine
par mois. La visibilité de la société grandissant, de plus
en plus de projets nous arrivent. En 2003, nous avons volontairement
fait des recherches, et nous avons reçu une moyenne d’environ
60 scénarii par mois. C’est bien de pouvoir lire des projets
différents, mais cela ne veut pas dire pour autant que la
qualité est meilleure. Le but est d’arriver à finaliser
des auteurs et à continuer sur des projets, sachant que
ce n’est pas parce qu’on travaille avec un réalisateur qu’on
va automatiquement produire son suivant. Il faut qu’il soit
conscient de ça. Rien n’est acquis.