Objectif Cinéma :
Quels sont précisément vos critères
de sélection des projets ?
Ron Dyens :
Il n’y en a pas vraiment. Au début on s’était fixé des critères
un peu théoriques avec une ligne directrice, etc. On s’est aperçu
qu’on refusait de bons scénarii et qu’on en gardait de mauvais,
uniquement parce qu’ils correspondaient à la ligne éditoriale.
C’est pourquoi aujourd’hui on lit tout, même si on a plus d’affinités
sur certains projets que sur d’autres. Il nous arrive de repérer
un talent ou une écriture singulière mais de ne pas souhaiter
produire le projet parce que le thème ne nous plaît pas. On
voit alors avec lui si on ne peut pas travailler sur un autre
thème. On essaye de plus en plus à développer des familles au
niveau des techniciens, des scénaristes, des réalisateurs, des
chefs opérateurs. Quand cela se passe bien entre nous, il n’y
a aucune raison de ne pas retravailler ensemble.
Objectif Cinéma :
Quand on regarde la filmographie de Sacrebleu, on repère
beaucoup de films uniques. Vous n’avez pas encore constitué
une « écurie » de réalisateurs…
Ron Dyens :
Nous sommes aujourd’hui dans une période transitoire où
l’on commence à suivre certains auteurs comme Lucie Duchêne
ou Nicolas Babouche dont on produira les prochains courts
métrages. J’ai été content également de ma collaboration
avec Matt Dray. Il a vraiment travaillé, il est à l’écoute,
et il a fait un bon film (20 novembre), je suis
donc prêt aussi à retravailler avec lui s’il nous présente
un projet intéressant. Mais nous sommes toujours à la
recherche de nouveaux scénarii. Il faut compter au minimum
un an entre la réception d’un projet et la fin d’un film.
Il y a un an, on était encore dans une période de formation.
On ne produirait pas forcément aujourd’hui des films produits
hier comme Primal Game et Volutes, parce
qu’on a par exemple le sentiment de ne pas avoir été assez
exigeants avec leurs auteurs. Il y a toujours un décalage
entre la réception d’un projet qu’on a envie de défendre
et le film terminé.
Objectif Cinéma :
Avec Derrière les fagots,que tu as réaliséet 20 novembre de
Matt Dray, on a l’impression que vous produisez des films
plus graves…
Ron Dyens :
Derrière les fagots répondait un peu à la volonté
de ne pas être catalogué comme un futur réalisateur de
comédies pour la Gaumont. Même si j’aime beaucoup les
films que j’ai fait avant (La flamme, L’homme-torche,
Paroles, Paroles, ndr), j’avais envie de faire
autre chose. Le scénario de Derrière les fagots
a été écrit il y a trois ou quatre ans, il est passé deux
fois en plénière à l’aide sélective du CNC sans l’obtenir…
On a trouvé très peu d’argent, mais on a quand même
décidé de le produire en obtenant des aides de la part
des prestataires, correspondant à des prix qu’on avait
eu sur des films produits précédemment. Je pense qu’on
a eu raison car il a eu une belle carrière. Quand Matt
Dray m’a présenté le scénario de 20 novembre, j’étais
en train de travailler sur un projet qui traitait du même
sujet. Il était donc plus logique de l’aider à faire son
film, puisque le sujet m’intéressait et qu’il était plus
avancé.