JEAN
CHRISTOPHE LIE Superviseur
de l’animation des Triplettes
sur Les Triplettes de Belleville
Entretien
réalisé
à Paris, en décembre 2003
par Florence POMMERY
A l’occasion de la sortie dvd des Triplettes
de Belleville, revenons sur cette aventure animée menée
d’une main de maître par Sylvain Chomet et orchestrée par une
petite équipe d’animateurs dont Jean Christophe Lie, qui revient
sur la naissance du projet et nous plonge dans les arcanes de
la création du film.
Objectif Cinéma :
Comment êtes vous devenu
superviseur de l’animation sur Les Triplettes de Belleville ?
Jean Christophe Lie :
Je ne suis pas devenu superviseur de l’animation sur Les
Triplettes de Belleville. Je suis devenu superviseur
des caractères des Triplettes. Mon nom en tant que tel sur
l’affiche du film peut prêter à confusion. C’est Sylvain
Chomet qui a supervisé toute l’animation. Seulement il ne
voulait pas voir son nom marqué partout sur l’affiche. Il
a alors choisi quelqu’un pour représenter l’animation faite
à Montréal. Il m’a aussi proposé de superviser l’animation
de son prochain film.
Je travaillais à Montreuil chez Disney sur Tarzan
et on a appris de bouche à oreille que Sylvain Chomet cherchait
des animateurs pour son projet. Avec d’autres personnes
de chez Disney, Nicolas Quere et Alexis Venet, on a pris
contact avec la boîte de production Les Armateurs qui nous
a fait passer un premier test avec un dossier personnel.
Il y a eu une première sélection, ensuite un test d’animation
sur une journée. On a obtenu assez rapidement une réponse,
ça a marché pour tous les trois. Par contre, il s’est passé
beaucoup de temps entre le temps du test et le début de
la production. Le temps que se débloque le budget, on a
bien dû attendre un an et demi avant de partir sur Montréal
avec femmes et enfants pendant deux ans. Deux années d’animation
de qualité, vraiment quelque chose de très sympathique.
Je sortais de chez Disney qui est une très bonne école d’apprentissage
à l’animation évidemment mais avec des taches beaucoup plus
divisées. J’étais assistant animateur à cette époque-là,
et le travail était beaucoup plus morcelé. On travaillait
sur des plans par ci, par là, mais on ne pouvait pas travailler
sur un plan-séquence, c'est-à-dire en intervenant sur plusieurs
plans qui se suivent les uns après les autres et donc gérer
les raccords de mouvement. En revanche, on pouvait le faire
sur Les Triplettes : une fois que Chomet a eu
confiance en nous et qu’il a été amené à travailler de plus
en plus sur la réalisation et moins sur l’animation, il
nous a délégué pas mal de travail.