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Objectif Cinéma : En somme, Vert Paradis, c’est une histoire de deuil ?

Emmanuel Bourdieu : Oui, c’est le deuil du vert paradis. C’est le deuil de l’idée qu’on peut toujours revenir à l’enfance.


  Vert Paradis (c) D.R.

Objectif Cinéma : Il y a une sorte de retenue, de pudeur dans votre façon de filmer les relations. Les situations naissent de non-dits et on a le sentiment que vous filmez en attendant que les choses se passent sans trop diriger ni trop en dire…

Emmanuel Bourdieu : J’aime bien quand on me dit que c’est trop froid, trop pudique, trop en dedans, trop réservé… En même temps, certaines critiques parlent d’un parti pris stylistique. Je pense qu’il est important d’avoir ce type de parti pris, que c’est même l’essentiel. Donc, ces critiques-là m’intéressent car elles renvoient l’idée que ce style, cette vision du monde n’est pas la leur. Mais au moins, il y a un style. C’est vrai que j’ai beaucoup travaillé sur ce style. Je suis souvent touché par les gens qui combattent leurs propres émotions. C’est beaucoup plus émouvant de voir un combat contre des affections, des émotions que de voir l’expression des sentiments.



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Philosophe de formation, Emmanuel Bourdieu s’est d’abord consacré à l’écriture scénaristique et théâtrale avant de passer à la mise en scène. Parmi ses collaborations les plus marquantes, on peut citer celle avec Arnaud Desplechin : Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle…), Esther Kahn et Léo, en jouant « Dans la compagnie des hommes ». Il a également travaillé sur les scénarios de Place Vendôme, de Nicole Garcia, Résistance, de Eric Rochant et Il est plus facile pour un chameau..., de Valeria Bruni Tédeschi.

Côté théâtre, il a écrit et publié plusieurs pièces, dont Tout mon possible et Je crois ?, mises en scène par Denis Podalydès. Sa dernière pièce, Parce qu’il était comme ça (mis en scène et interprété par Maurice Bénichou), est en préparation. Emmanuel Bourdieu a également réalisé plusieurs courts-métrages : Venise (1996), Les trois théâtres (2001) ainsi que La vie comme elle est (2002). En 2001 sort Candidature, un moyen métrage qui a obtenu le prix Jean Vigo 2001.

Son premier long-métrage, Vert Paradis, évoque le retour de Lucas, enfant du Béarn devenu sociologue, dans le village de sa jeunesse. Il y retrouve deux amis perdus de vue, Isabelle et Simon. Apprenant leur mariage raté, Lucas se met en tête de les réunir. Mais c’est de lui qu’Isabelle est à présent amoureuse et Lucas, en entrant dans la vaine recherche du temps perdu, est peut-être sur le point de passer à côté de sa vie.