Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Jan Kounen (c) D.R. JAN KOUNEN
Réalisateur
Entretien réalisé
en 2004 à Paris
Par Samuel PETIT
et retranscrits par Amandine VALLEE


Des hystériques Vibroboy et Doberman au contemplatif Blueberry, le cinéma de Jan Kounen a subi une mutation profonde, passant d’une violence graphique à une violence plus sourde, intériorisée.

Blueberry, l’expérience secrète est un western atypique où l’on part chercher la clef de l’énigme dans l’inconscient du principal protagoniste, au propre comme au figuré, une sorte de psychanalyse tribale.

Entretien avec un cinéaste psycho-magique.



  Blueberry (c) D.R.

Objectif Cinéma : Blueberry commence comme une BD de Jean Giraud et se termine en BD de Moebius. On a l’impression d’être à mi-chemin entre 2001 et Matrix, toute proportion gardée, le propos n’étant pas le même.

Jan Kounen : Je suis d’accord, Matrix et 2001 sont des films mystiques, presque expérimentaux dans certaines de leurs parties. D’ailleurs, Matrix est un peu un film chamanique ! Néo a une synchronicité, c’est-à-dire, en termes chamaniques que « l’univers lui parle, qu’il y a un message et un sens à trouver ». Alors qu’il lit « toc toc toc » sur son écran, au même moment, il entend « toc toc toc » à la porte ! C’est, d’un point de vue chamanique, quelque chose qui dépasse notre entendement, un plan de réalité supérieure qui est en train de pénétrer dans notre plan de réalité.

Les premiers mots du film que prononce Néo en ouvrant la porte sont : « Tu ne crois pas que la réalité ressemble au rêve et le rêve à la réalité ». Autrement dit, dans le monde indien, ou chamanique, le rêve est aussi réel que la réalité de la vie et a autant d’importance ! C’est une vision plus métaphysique de l’existence, mais qui accorde une réalité à l’impalpable. Notre monde est celui de la matière et du concret, et nous sommes les grands techniciens de la matière organique…

Son copain lui répond : « ça a un nom c’est la mescaline », une substance qui se trouve à l’origine dans le peyotl, un cactus hallucinogène qu’on retrouve chez Antonin Artaud (avec les Tarahumaras) et dans les expériences de Castanéda, également pratiqué depuis une dizaine de milliers d’années par les Indiens huitchols leurs chamanes de la Sierra du Nord du Mexique.