Peter Webber,
le sculpteur d’émotions
Après son court métrage The Zebra, réalisé dès sa sortie
de l’université, Peter Webber a commencé sa carrière en tant
que monteur, notamment sur le premier long métrage de Anand
Tucker, Saint-Ex, avec Miranda Richardson et Bruno
Ganz.
Du montage, il passe à la réalisation de documentaires et
de dramatiques pour la télévision britannique. Il signe notamment
la réalisation d’une série qui défraie la chronique :
Men only.
Son prochain film devrait l’emmener loin de Delft : il
racontera l’histoire de jeunes délinquants dans le Londres
d’aujourd’hui. Il nous confessera à ce sujet, vouloir ainsi
rendre hommage au cinéma de la Nouvelle Vague, qui reste son
cinéma de chevet !
Rencontre avec ce nouveau cinéaste anglais aux goûts éclectiques
plus que réjouissants…
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Objectif Cinéma :
Comment expliquez-vous votre arrivée
sur le projet d’adaptation de ce roman, par rapport à ce que
vous aviez expérimenté auparavant ?
Peter Webber :
En fait, c’est vrai que mon travail était, auparavant, perçu
de façon tout à fait différente. On me connaissait en particulier
en Angleterre pour Men only qui parle d’une équipe
de football et de ses problèmes qui dégénèrent dans la violence,
le sexe, la drogue. Disons que mon image à la télévision anglaise
était celle d’un Gaspard Noé.
Et en fait, alors que j’étais en train de travailler avec
le producteur de La jeune fille… sur un projet parlant
du terrorisme politique dans l’Allemagne des années soixante-dix,
l’histoire contemporaine a frappé le 11 septembre 2001, et
il n’était plus question alors de faire un film sérieux sur
le terrorisme.
Quelques jours plus tard, je revenais dans les bureaux de
la production pour boucler des dossiers lorsque j’ai vu au
mur le poster de La Jeune Fille à la Perle de Vermeer.
Et je me souviens avoir raconté tout simplement à la personne
qui se trouvait à côté de moi mes premières émotions en découvrant
ce tableau-là quand j’avais dix-huit ans et ma connaissance
de Vermeer. Je ne m’étais pas rendu compte que le producteur,
Andy Paterson, était derrière moi et avait entendu notre conversation.
Il ne connaissait pas cet aspect de ma vie et m’a tendu un
script à lire. Celui de La jeune fille à la perle !
Et j’ai accepté de le réaliser. C’était un défi d’autant plus
intéressant que ce n’est pas du tout facile de trouver le
financement d’un film sur un sujet aussi délicat, et qui plus
est, fait par un réalisateur qui n’a jamais fait de long métrage.
D’autant plus risqué qu’à l’époque, ce producteur, travaillait
sur ce projet avec Mike Newell (de Quatre Mariages et un
Enterrement), donc vous imaginez le risque double qu’il
a pris ! Je dois vraiment remercier Andy pour sa vision,
car au départ, tout le monde le prenait pour un fou furieux.
Evidemment, vu le succès du film, les opinions ont légèrement
changé. (rires)
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