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La Jeune Fille à la perle  (c) D.R.

Objectif Cinéma : Aviez-vous lu le roman avant ce projet d’adaptation ?

Peter Webber : J’ai d’abord lu le scénario. Et, je n’ai lu délibérément le livre que véritablement juste avant le tournage lui-même, parce que pendant six mois, j’avais travaillé avec Olivia, la scénariste, pour adapter, renforcer certaines choses, en rejeter d’autres, pour être beaucoup plus proche du film que j’avais dans ma tête et que j’avais envie de faire. Je voulais être en quelque sorte, pur, virginal dans mon approche et me concentrer sur le scénario. Et une fois que j’ai senti que je le possédais bien, j’ai lu le livre, pour me remplir différemment de cet univers. Mais au départ, c’était vraiment le scénario qui comptait.


Objectif Cinéma : Comment avez-vous justement travaillé avec la scénariste sur ce film ?

Peter Webber : Pour moi, de toute façon, faire un film, c’est avant tout un travail d’équipe. Bien sûr, j’ai une vision très précise de mon film, mais je travaille avec des gens. L’importance pour moi c’est de faire rentrer ma vision du film dans leur tête, et je pense que quand on travaille sur un script, on le met à plat, on le défait, puis on le reconstruit pour former l’histoire qu’on a dans la tête. Par exemple, je me disais, tiens, tel thème m’intéresse, telle chose m’intéresse moins, et si l’on supprimait ce personnage ?

C’était un peu la même chose que de travailler avec le directeur de la photographie. On se pose des questions. Quelle lumière est-ce que je dois mettre là ? Est-ce que là je dois mettre un fond plus foncé ? Finalement, c’est cela même, diriger, « to direct ». Dans diriger, il y a montrer la direction.

Il y a un petit peu cette mystique du metteur en scène qui fait tout, tout seul, pour moi, c’est absolument faux. En fait, je préfère la métaphore du chef d’orchestre, qui ne joue pas forcément de tous les instruments, mais qui arrive à créer une magnifique symphonie.

  La Jeune Fille à la perle  (c) D.R.

Objectif Cinéma : Et pour en revenir au scénario, quelle était donc la ligne de conduite que vous aviez choisi de suivre tout au long de la fabrication du film ?

Peter Webber : Il m’apparaissait vraiment essentiel de libérer l’émotion. Et bien sûr, il y avait des thèmes qui m’étaient chers et proches : comme la relation entre l’art et l’argent, (car quel metteur en scène peut faire un film sans argent, sans dollar ?) mais surtout, cette obsession dans une relation d’amour, qui n’est pas consommée. Donc le cœur du film, finalement, c’est tout simplement une histoire d’amour entre un homme plus âgé et une jeune femme. C’est un film sur le désir, le désir inassouvi. Tout le monde s’y reconnaît, plus je vieillis, et plus je peux comprendre ce sentiment aigre-doux de ne pas pouvoir nécessairement avoir ce que l’on veut, sauf à Los Angeles où les vieux trouvent facilement des jeunes ! (rires)