Avec Le Convoyeur, son troisième
long métrage après Va mourire et Le plaisir (et ses
petits tracas…), Nicolas Boukhrief a réussi à mêler efficacement,
avec intelligence et sans effets inutiles, polar social, mythologie
du film noir et comédie à l’italienne.
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Objectif Cinéma :
Le convoyeur
est votre troisième long-métrage. J’ai eu l’impression en
voyant le film que c’était enfin pour vous l’opportunité de
revenir aux sources de votre cinéphilie en faisant un véritable
film de genre…
Nicolas Boukhrief : Je
n’ai pas fait d’école de cinéma, ni de courts-métrages, j’ai
été assistant, notamment sur des films de Zulawski, et je
suis arrivé au cinéma par le texte, en étant journaliste puis
scénariste. Quand j’ai voulu faire un premier long-métrage,
j’ai d’abord pensé à faire un film de genre et puis je me
suis rendu compte que je n’y connaissais tellement rien à
la technique que j’allais probablement le rater. J’ai donc
décidé de filmer ce que je connaissais, des personnages et
des lieux qui m’étaient familiers. Ce fut Va mourire.
Avec Le plaisir (et ses petits tracas), mon deuxième
long-métrage, c’était l’occasion de faire un exercice de style,
d’expérimenter beaucoup de choses, et d’avoir beaucoup plus
d’expérience. Et puis j’ai suivi aussi de bout en bout le
tournage d’Assassins, de Matthieu Kassovitz, qui a
une connaissance très profonde de la technique.
Pour mon troisième long-métrage, je me suis senti prêt pour
attaquer le film de genre, j’ai pu décemment m’imaginer que
je pouvais mettre en scène une scène de guns par exemple,
ou poser des caractères de polar en essayant de les faire
évoluer en petite mythologie…
Objectif Cinéma : Quand
vous avez quitté Canal Plus il y a quelques années, vous avez
également effectué une autre sorte de « retour aux sources »
en retournant voir les films dans les salles de cinéma, comme
un spectateur lambda…
Nicolas Boukhrief : J’ai
passé une très belle période de ma vie à Canal Plus, j’ai
pu y faire plein de choses, c’était une époque assez dorée…Je
me suis rendu compte en quittant la chaîne combien je m’étais
complètement isolé dans cette entreprise, et particulièrement
dans cette salle de projection où l’on voyait tous les films
gratuitement, c’était comme une tour d’ivoire…
Je ne suis plus allé ensuite aux avant-premières, sauf pour
celles de mes amis, et je suis retourné uniquement en salles
en payant mon billet, à plein tarif, sans même prendre de
carte UGC. Cela change complètement la donne. On peut très
bien ne pas aimer un film et penser néanmoins qu’il mérite
les 10 euros du ticket. Cela m’est arrivé pour Les rivières
pourpres par exemple.
On apprend beaucoup en allant dans les salles des différents
arrondissements, en voyant les films avec différents publics.
C’est très ludique et très enrichissant. Voir L’affaire
Thomas Crown dans le quartier de Madeleine, à la sortie
des bureaux à 18h, avec dans la salle des jeunes femmes célibataires
qui viennent voir le film avant de rentrer chez elle parce
qu’elles adorent Pierce Brosnan, c’est une vraie sensation
de salle ! Quant aux séances de 14h aux Halles le mercredi,
elles sont sans pitié ! ! C’est un public assez
excité et bavard…C’est difficile de lui clouer le bec !
Mais c’est important de savoir à qui l’on s’adresse, surtout
si on fait un film de genre…
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