Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Nicolas Boukhrief (c) D.R. NICOLAS BOUKHRIEF
Réalisateur
Entretien réalisé
le 17 mars 2004, à Paris
Par Bernard PAYEN


Avec Le Convoyeur, son troisième long métrage après Va mourire et Le plaisir (et ses petits tracas…), Nicolas Boukhrief a réussi à mêler efficacement, avec intelligence et sans effets inutiles, polar social, mythologie du film noir et comédie à l’italienne.


  Le Convoyeur (c) D.R.

Objectif Cinéma : Le convoyeur est votre troisième long-métrage. J’ai eu l’impression en voyant le film que c’était enfin pour vous l’opportunité de revenir aux sources de votre cinéphilie en faisant un véritable film de genre…

Nicolas Boukhrief : Je n’ai pas fait d’école de cinéma, ni de courts-métrages, j’ai été assistant, notamment sur des films de Zulawski, et je suis arrivé au cinéma par le texte, en étant journaliste puis scénariste. Quand j’ai voulu faire un premier long-métrage, j’ai d’abord pensé à faire un film de genre et puis je me suis rendu compte que je n’y connaissais tellement rien à la technique que j’allais probablement le rater. J’ai donc décidé de filmer ce que je connaissais, des personnages et des lieux qui m’étaient familiers. Ce fut Va mourire. Avec Le plaisir (et ses petits tracas), mon deuxième long-métrage, c’était l’occasion de faire un exercice de style, d’expérimenter beaucoup de choses, et d’avoir beaucoup plus d’expérience. Et puis j’ai suivi aussi de bout en bout le tournage d’Assassins, de Matthieu Kassovitz, qui a une connaissance très profonde de la technique.

Pour mon troisième long-métrage, je me suis senti prêt pour attaquer le film de genre, j’ai pu décemment m’imaginer que je pouvais mettre en scène une scène de guns par exemple, ou poser des caractères de polar en essayant de les faire évoluer en petite mythologie…


Objectif Cinéma : Quand vous avez quitté Canal Plus il y a quelques années, vous avez également effectué une autre sorte de « retour aux sources » en retournant voir les films dans les salles de cinéma, comme un spectateur lambda…

Nicolas Boukhrief : J’ai passé une très belle période de ma vie à Canal Plus, j’ai pu y faire plein de choses, c’était une époque assez dorée…Je me suis rendu compte en quittant la chaîne combien je m’étais complètement isolé dans cette entreprise, et particulièrement dans cette salle de projection où l’on voyait tous les films gratuitement, c’était comme une tour d’ivoire…

Je ne suis plus allé ensuite aux avant-premières, sauf pour celles de mes amis, et je suis retourné uniquement en salles en payant mon billet, à plein tarif, sans même prendre de carte UGC. Cela change complètement la donne. On peut très bien ne pas aimer un film et penser néanmoins qu’il mérite les 10 euros du ticket. Cela m’est arrivé pour Les rivières pourpres par exemple.

On apprend beaucoup en allant dans les salles des différents arrondissements, en voyant les films avec différents publics. C’est très ludique et très enrichissant. Voir L’affaire Thomas Crown dans le quartier de Madeleine, à la sortie des bureaux à 18h, avec dans la salle des jeunes femmes célibataires qui viennent voir le film avant de rentrer chez elle parce qu’elles adorent Pierce Brosnan, c’est une vraie sensation de salle ! Quant aux séances de 14h aux Halles le mercredi, elles sont sans pitié ! ! C’est un public assez excité et bavard…C’est difficile de lui clouer le bec ! Mais c’est important de savoir à qui l’on s’adresse, surtout si on fait un film de genre…