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Andrea Schuler (c) D.R. ANDREA SCHULER
Réalisatrice
Entretien réalisé
en février 2004, à Berlin
Par Nicolas JOURNET


Berlin. Dans un café à deux pas du Berlinale Palast. Andrea Schuler est un sympathique trentenaire blond. Elle parle avec enthousiasme de son premier film, un documentaire basé sur la vie de trois vieillards tatoués. Elle ne sait pas qu’elle va remporter le prix « Dialogue en perspective » qui récompense le meilleur film de la sélection « Perspektive Deutsches Kino » et qui permet au film vainqueur de se voir projeté en octobre 2004 dans le cadre du Festival de cinéma allemand de Paris…


  Flammend herz (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment avez-vous été amenée à réaliser un documentaire sur trois vieillards tatoués ?

Andrea Schuler : Je ne l’avais jamais vraiment prévu. J’avais suivi des cours de lettres à l’université, et ensuite j’ai fait différents petits boulots dans l’audiovisuel  - assistante de réalisation, assistante de production, scénariste - qui m’ont permis de mettre un pied dans le milieu. Cela m’a permis de travailler en tant que journaliste télé. Mais cela ne me plaisait pas. Sur les heures de rushes que j’enregistrais, je ne pouvais qu’en garder qu’une dizaine de minutes. C’était frustrant. Je n’arrivais pas à faire un choix, c’est un peu ce qui m’a amené au documentaire. Pour faire une fiction, il faut beaucoup plus d’expérience, de maîtrise technique. Et puis, le documentaire c’est un peu déjà de la fiction parce que chaque personne a son histoire.


Objectif Cinéma : Et pourquoi cet intérêt pour le tatouage ?

Andrea Schuler : Mon compagnon, qui est aussi le co-réalisateur du film, est tatoueur. Et moi j’ai quelques tatouages. A l’origine, nous voulions réaliser un documentaire sur l’histoire du tatouage. Nous avions envie de montrer que les gens qui se font tatouer ne sont pas forcément des marins ou des personnes qui y voient une mode superficielle. Très vite, nous avons rencontré un de nos personnages en Suisse, qui nous a parlé des deux autres. Il nous semblait intéressant de raconter leur histoire. Intéresser des spectateurs sur un thème aussi particulier que le tatouage nous semblait un défi important à relever. Parce que les clichés qu’on véhicule sur cette pratique finissaient par nous lasser.

Flammend herz (c) D.R.

Objectif Cinéma : Flammend herz n’est pas qu’un film sur le tatouage, c’est aussi la mise en image d’une histoire d’amitié. Comment en êtes-vous arrivé à décaler à ce point le centre de gravité de votre récit ?

Andrea Schuler : Très simplement. Faire un documentaire sur le tatouage en lui-même, purement sur les techniques d’ancrage ou de colorisation, nous paraissait un peu sec. La décision de renoncer à tous ses aspects a été dure, mais se consacrer au vécu de nos trois personnages, au conflit qui les oppose, était pour nous un choix qui correspondait plus à notre objectif.


Objectif Cinéma : Cette volonté de repousser pratiquement jusqu’au dernier plan le thème central de votre film était déjà présente dès le départ, avant le tournage proprement dit, ou cette idée n’est-elle intervenue que dans un deuxième temps ?

Andrea Schuler : En fait, ce résultat tient beaucoup dans le travail de notre monteuse suisse qui a saisi tout de suite nos envies, que nous n’arrivions d’ailleurs pas toujours à exprimer. Elle a compris ce que nous voulions dire de manière intuitive, le travail qu’elle a réalisé est vraiment remarquable. Souvent les monteurs de cinéma ne maîtrisent pas les bancs de montage vidéo, En douze semaines de travail, elle a réalisé treize versions différentes. Mais bizarrement on arrivait toujours à quelque chose de relativement proche.