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Objectif Cinéma :
Comment avez-vous été amenée
à réaliser un documentaire sur trois vieillards tatoués ?
Andrea Schuler :
Je ne l’avais jamais vraiment prévu. J’avais suivi des cours
de lettres à l’université, et ensuite j’ai fait différents
petits boulots dans l’audiovisuel - assistante de
réalisation, assistante de production, scénariste - qui
m’ont permis de mettre un pied dans le milieu. Cela m’a
permis de travailler en tant que journaliste télé. Mais
cela ne me plaisait pas. Sur les heures de rushes que j’enregistrais,
je ne pouvais qu’en garder qu’une dizaine de minutes. C’était
frustrant. Je n’arrivais pas à faire un choix, c’est un
peu ce qui m’a amené au documentaire. Pour faire une fiction,
il faut beaucoup plus d’expérience, de maîtrise technique.
Et puis, le documentaire c’est un peu déjà de la fiction
parce que chaque personne a son histoire.
Objectif Cinéma :
Et pourquoi cet intérêt pour le tatouage ?
Andrea Schuler :
Mon compagnon, qui est aussi le co-réalisateur du film,
est tatoueur. Et moi j’ai quelques tatouages. A l’origine,
nous voulions réaliser un documentaire sur l’histoire du
tatouage. Nous avions envie de montrer que les gens qui
se font tatouer ne sont pas forcément des marins ou des
personnes qui y voient une mode superficielle. Très vite,
nous avons rencontré un de nos personnages en Suisse, qui
nous a parlé des deux autres. Il nous semblait intéressant
de raconter leur histoire. Intéresser des spectateurs sur
un thème aussi particulier que le tatouage nous semblait
un défi important à relever. Parce que les clichés qu’on
véhicule sur cette pratique finissaient par nous lasser.
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Objectif Cinéma :
Flammend herz
n’est pas qu’un film sur le tatouage, c’est aussi la mise
en image d’une histoire d’amitié. Comment en êtes-vous arrivé
à décaler à ce point le centre de gravité de votre récit ?
Andrea Schuler :
Très simplement. Faire un documentaire sur le tatouage en
lui-même, purement sur les techniques d’ancrage ou de colorisation,
nous paraissait un peu sec. La décision de renoncer à tous
ses aspects a été dure, mais se consacrer au vécu de nos
trois personnages, au conflit qui les oppose, était
pour nous un choix qui correspondait plus à notre objectif.
Objectif Cinéma :
Cette volonté de repousser pratiquement jusqu’au dernier
plan le thème central de votre film était déjà présente
dès le départ, avant le tournage proprement dit, ou cette
idée n’est-elle intervenue que dans un deuxième temps ?
Andrea Schuler :
En fait, ce résultat tient beaucoup dans le travail de notre
monteuse suisse qui a saisi tout de suite nos envies, que
nous n’arrivions d’ailleurs pas toujours à exprimer. Elle
a compris ce que nous voulions dire de manière intuitive,
le travail qu’elle a réalisé est vraiment remarquable. Souvent
les monteurs de cinéma ne maîtrisent pas les bancs de montage
vidéo, En douze semaines de travail, elle a réalisé treize
versions différentes. Mais bizarrement on arrivait toujours
à quelque chose de relativement proche.