Objectif cinéma : Librairie Ciné reflet - Frédéric Damien (Interviews)

Objectif Cinéma : Prévoyez-vous d’autres évolutions dans l’organisation de la librairie ?

Frédéric Damien : Je m’oriente vers une diversification par rapport à la matière cinéma. C’est lié à une évolution des gens qui s’intéressent au cinéma, qui vont vers la vidéo. J’ai donc intérêt à m’intéresser à des domaines un peu périphériques. Le numérique est de plus en plus courant. Les gens ont envie de faire des films avec leur petite caméra. Se crée alors une demande, une curiosité, par rapport au domaine. Ils vont alors se demander comment raconter une histoire, même pour faire un film de famille.

Ce qui est par ailleurs intéressant, c’est qu’il y a de plus en plus d’interactions entre le support papier et le support multimédia. Il y a de plus en plus de livres ou de revues qui paraissent avec un CD ou un DVD. Ça renvoie aussi à l’existence du DVD et des bonus.

Objectif Cinéma : Le livre est-il concurrencé par les bonus ?

Frédéric Damien : Je ne sais pas si c’est vraiment une concurrence, plutôt une évolution de l’édition. De plus en plus, les gens accèdent à l’information ou la culture de manière différente. La cinéphilie ne se fait plus seulement dans les salles d’art et d’essai et à la cinémathèque. Les gens voient peut-être plus de DVD que de films en salles. Mais ce n’est pas le préjudice qui compte, c’est l’évolution qui veut ça. En tant que librairie, on nous demande souvent des DVD ou des cassettes vidéo. Alors, soit je reste dans le papier, soit j’essaie d’aller plus loin. J’aimerais consacrer un espace à la vidéo, au DVD, et aussi mettre des films en consultation. Il s’agirait de projections de films, comme on peut en organiser dans une galerie ou une librairie. Cela pourrait concerner par exemple le lancement d’un DVD.

En tant que librairie spécialisée, je vais plus me tourner vers des documentaires, des films engagés, des films d’artistes. Cela ne sert à rien de proposer ce qu’on trouve à la FNAC ou en grandes surfaces.

Objectif Cinéma : Il y a une demande ?

Frédéric Damien : Il manque à Paris un endroit où l’on trouve un fonds intéressant de DVD, un répertoire de VO. Pour l’instant, dans les magasins, les nouveautés chassent les films précédents. J’espère avoir des conditions commerciales avec des éditeurs de DVD. Pour l’instant les éditeurs semblent en accord avec ce qu’on trouve dans les grandes surfaces, des commercialisations de grande quantité. En tant qu’indépendants, on ne peut pas travailler avec une remise de 10 ou 15%.

Objectif Cinéma : Comment se porte l’édition de livres de cinéma ?

Frédéric Damien : Il y a des collections de cinéma importantes qui s’arrêtent, par exemple Synopsis chez Nathan. De petits éditeurs se font racheter par des plus gros. Il va y avoir une sorte de nivellement par la quantité pour satisfaire une demande globale. Et mon objectif est de défendre les petites publications, indépendantes, de création éditoriale. Des gens qui prennent des risques.