DOMINIQUE
BLATTLIN Collectionneur d'affiches de
cinéma
Entretien
réalisé
en décembre 2003
Par Nicolas JOURNET
Technical manager chez Time Warner à Paris, Dominique Blattlin
a le cinéma dans la peau. Pas n'importe quel cinéma d'ailleurs,
celui des années 60, celui des cinémas de quartier, celui
de son enfance. Par ces hasards qui dirigent une vie, cette
passion s'est fixée sur les affiches. Devenu l'un des collectionneurs
de référence dans ce domaine, il vient de publier aux éditions
A3 un livre d'affiches consacré au cinéma d'aventure et un
autre Le Souffle de l'Aventure, aux editions Carnot,
qui présente les plus belles affiches de western.
Dominique Blattlin :Je m'y intéressais un peu, par
exemple en en achetant quelques-unes aux Puces. Mais tout
a réellement démarré au début des années 90. Un directeur
de salles que je connaissais par mon travail dans la distribution
m'a indiqué qu'un ami à lui souhaitait vendre un lot d'affiches.
Je m'y suis rendu par curiosité. Le vieux monsieur en question
était l'un de ses anciens exploitants de cinéma de quartier
qui avaient vu leur salle détruite dans les années 70 parce
qu'elles ne fonctionnaient plus et que les professionnels
voulaient construire à leur place les premiers complexes cinématographiques.
La grande salle de projection était divisée en plusieurs petites
salles, les balcons disparaissaient et le bar et les caves
de ces cinémas étaient détruits. Or, les directeurs de salles
entassaient souvent dans ces caves le matériel d'exploitation
des films en vue d'une éventuelle reprise. Avec l'arrivée
des multiplexes et la fermeture de leurs cinémas, ils ont
donc déplacé tous ces éléments dans des boxes qu'ils louaient.
C'est dans l'un de ceux-ci que je me suis rendu.
Nous avons conclu l'affaire et le propriétaire était si content
qu'il m'a conduit à une sorte de garage. Qui contenait encore
plus d'affiches. Le vieux monsieur n'avait pas l'air très
triste de se séparer de ces trésors. « Maintenant,
j'ai de la place », m'a-t-il dit en souriant. Et,
d'ailleurs, j'ai vite compris ce qu'il voulait dire ! Je n'avais
pas prévu d'avoir autant d'affiches : j'en avais entre cinq
et six mille plus les photos et les affichettes qui complétaient
le matériel d'exploitation ! Des affiches de péplums, de westerns,
de films de karaté et de films érotiques, bref un résumé de
tous les genres qui se sont succédé dans les salles de quartier
depuis la Libération jusqu'à leur disparition ! Mon appartement
a eu dû mal à toutes les contenir. En plus, les affiches prennent
beaucoup la poussière et rien qu'en les dépliant pour vérifier
leur état, pas toujours très bon notamment pour celles du
dessous qui avaient dû supporter le poids de toutes les autres,
je ressemblais à un charbonnier. Heureusement, ma femme n'était
pas là !