Objectif Cinéma :
Souhaiteriez-vous une offre différente de la part des éditeurs ?
Stéphanie Heuze
: Les livres sur le cinéma populaire font, à mon avis, défaut.
Les éditions Dreamland proposaient un catalogue particulièrement
intéressant. Pour exemple l’essai sur Massacre à la Tronçonneuse
par Jean-Baptiste Thoret qui traite d’un film culte de
manière très pointue.
Frédérique Baudot :
Il manque aussi des livres sur les cinémas du monde. A ma
connaissance, il n’existe qu’un seul livre sur le cinéma iranien,
et il date de 1999. Il existe bien quelques livres sur le
cinéma africain, mais ils ne sont pas mis en avant. Trop d’impératifs
commerciaux subsistent.
Objectif Cinéma :
Comment se porte l’édition
de livres de cinéma ?
Stéphanie Heuze
: Les éditeurs de livres de cinéma sont en difficulté. C’est
une conséquence de la centralisation. Les petits éditeurs
se font absorber ou sont coulés par leur distributeur. Ils
doivent répondre à des impératifs économiques et non plus
éditoriaux.
Frédérique Baudot :
Pour les films, c’est pareil. Demandez Crash de Cronenberg
à un gros diffuseur, il vous livre un film catastrophe « grand
public ». Ils vendent du cinéma comme un produit. Ils
travaillent dans une logique de profit.
Objectif Cinéma :
Quels sont vos projets ?
Stéphanie Heuze
: Nous organisons des événements une fois par mois. Un débat,
une discussion autour du travail d’une personne invitée.
Les cinéastes sont heureux de voir leurs films dans un vidéoclub,
de rencontrer le public. Jean Rollin était demandeur. Les
gens qui sont venus ne le connaissaient pas pour la plupart.
Nous avons présenté un extrait, et le dialogue s’est noué.
Nous avons également reçu Guy Maddin, Jean-Claude Guiguet,
Fred H.Berger, rédacteur en chef de la revue gothique Propaganda
et organisé une discussion autour du travail de Noam Chomsky
avec son distributeur et son éditeur français. Le dernier
événement réunissait des réalisateurs de court-métrages.
A la rentrée, nous accueillerons Elisabeth Lebovici, critique
d’art, la revue de cinéma Vertigo et nous l’espérons Objectif-cinéma
pour ses éditions. Nous souhaitons rapprocher le public
des différents acteurs du milieu du livre et du cinéma,
dans un esprit de convivialité. Certaines personnalités
paraissent intouchables alors qu’elles sont en réalité très
abordables, comme Jean Rollin ou Guy Maddin.
Frédérique Baudot :
Aujourd’hui nous nous attachons à constituer une mémoire
audio-visuelle en achetant et conservant nos films, mais
notre souhait, à long terme, est de devenir à notre tour
éditrices de films indépendants.
Objectif Cinéma :
Allez-vous développer encore
votre site sur Internet ?
Frédérique Baudot :
Oui, car il a bonne fréquentation. Nous allons mettre en
ligne une vitrine présentant les films à la location et
en vente. Nous avons beaucoup de demandes depuis la province.
Ceux qui n’habitent pas les grandes villes se sentent isolés
en terme d’accès à la culture.
Nous tenons aussi un agenda culturel qui suggère chaque
semaine les films, expositions, événements à ne pas manquer.
La sélection est à la fois subjective et en relation avec
les films à la location : lorsqu’un film que nous louons
passe sur un écran, nous le signalons.
Objectif Cinéma :
Vous serez présentes au Salon du livre de Paris ?
Stéphanie Heuze :
Nous serons présentes au Salon du livre de cinéma et irons
au Salon du livre de Paris aussi, il reste encore des éditeurs
à convaincre !
Hors-circuits vous
propose des livres ainsi que des films à la
location mais aussi à la vente, et vous offre
la possibilité de commander ceux que vous recherchez.
Pour mieux répondre à vos attentes, Hors-circuits
propose 3 formules pour la location des films
: à l'unité (48 heures : 4,50 euros), par carte
d'abonnement incluant 5 locations (20 euros)
et, plus économique, par carte d'abonnement
de 10 locations (36 euros). Afin de rendre accessibles
leurs films à celles et ceux qui n'habitent
pas à proximité de la boutique, Hors-circuits
propose une formule 3 films pour 3 jours : vous
louez 3 titres le lundi à 18h, vous pouvez les
garder jusqu'au jeudi même heure. Dans tous
les cas, les modalités d'inscription sont les
mêmes : un chèque de caution et présentation
d’une pièce d'identité.