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Peau d'âne (c) D.R. JACQUES DUGIED
Décorateur de cinéma
Le 9 juillet 2003
Par Alexandre TSEKENIS



Objectif Cinéma : Comment êtes-vous devenu décorateur de cinéma ?

Jacques Dugied : J’aimais le cinéma, mais je ne pensais pas y travailler un jour. C’est l’architecture qui m’intéressait, et je l’ai étudiée sans aller jusqu’au diplôme. Je travaillais dans un bureau d’architectes, mais l’après-guerre était une période bien peu artistique dans ce domaine, avec la construction de logements en masse. Quand j’ai appris l’existence de l’IDHEC, j’ai passé le concours d’entrée, en section décor. Nous étions quatre dans ma promotion (1953), c’était un peu après celles de Jacques Saulnier, François de Lamothe, Pierre Guffroy...


  Jean Renoir (c) D.R.
Objectif Cinéma : Quel était alors l’enseignement à l’IDHEC ?

Jacques Dugied : Nous avions des cours généraux communs à toutes les sections, sur l’optique, la caméra, les formats d’image…M. Maréchal donnait des cours sur les techniques de laboratoire, Jean Mitry enseignait plutôt les notions de tournage, l’histoire du cinéma était confiée à George Sadoul avec des projections à la Cinémathèque située alors avenue de Messine. Il y avait aussi des rencontres avec des réalisateurs comme Jean Renoir.

La section décor était dirigée par Hugues Laurent, un ancien qui avait vu débuter Trauner. On nous enseignait le dessin, l’histoire de l’art et surtout l’architecture, aussi bien les styles que les détails de construction comme des charpentes.

Nous apprenions la construction, les trucages avec maquettes, les perspectives en fonction des objectifs. Il arrivait que sur des films, l’on réduise tellement les dimensions  sur des plans inclinés, que l’on plaçait au lointain des comédiens plus petits ou des enfants. A la fin de la fin de seconde année, on réalisait les décors - qui restaient assez rudimentaires - des court-métrages des élèves en  réalisation, dans le petit studio de Marcel L’Herbier, dans le XVIIème arr.

Curieusement, l’IDHEC ne nous formait pas à travailler sur le tas, ni aux postes d’assistant ou d’ensemblier. A de futurs chefs décorateurs, elle donnait toutes les connaissances techniques pour travailler en studio. La partie budget, on l’apprenait ensuite, en faisant de l’assistanat. C’est tellement important de savoir budgéter, il faut savoir argumenter, bien défendre son décor devant le producteur, et être sûr de ce qu’on avance. On nous demande d’établir des budgets dans un temps record, parfois même dans la minute par téléphone, ce qui bien sur n’a pas de sens.