Le grand public la découvre dans le
film de Jugnot, Meilleur Espoir féminin (2000) qui lui
vaut d’être nommée, comble d’ironie, pour le César du meilleur
Espoir féminin. On l’a vu depuis dans Chevalier de Brian
Helgeland, grosse production hollywoodienne avec Heath Ledger,
Comme un avion de Marie-France Pisier, Vingt-quatre
heures de la vie d’une femme de Laurent Bouhnik. Le Grand
Rôle de Steve Suissa lui offre, cette année, l’occasion
d’interpréter un personnage de femme plus mûre. Nouvelle étape
dans son parcours de comédienne que Bérénice Béjo a accepté
gracieusement de nous commenter.
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Objectif Cinéma :
Qu’est qui vous a émue dans ce personnage
qui n’est pas évident à jouer, entre l’amour et la mort ?
Bérénice Béjo : En fait quand
je lis un scénario, je ne lis pas mon personnage. Donc ce
qui m’a d’abord plu quand j’ai rencontré Steve, c’est surtout
l’histoire que je trouvais très humaine, très attachante,
très vraie, très proche de ce que tout le monde peut vivre.
J’étais très emballée par elle. Et quand j’ai rencontré Steve,
j’étais sûre que ça allait être un joli film. Après, par rapport
à mon personnage, je ne me suis pas posé tellement de questions
parce que Steve voulait que je sois très pure. Il voulait
un personnage en total accord avec soi-même, qui acceptait
ce qu’il lui arrivait et qui à la fin de sa vie, vivait plus
une espèce d’amour intense pour son mari.
Perla a quelque chose de tellement pur et de presque irréel
qui fait qu’elle s’oublie et vit totalement à travers son
mari à la fin de ses jours. C’était en cela que c’était très
beau parce que c’est presque idéaliste : une femme qui
va mourir a forcément des crises de nerfs, des états d’âme
et dans le film, en tout cas, avec Perla, on ne voit pas cela.
Elle est tellement heureuse pour son homme, pour les autres
qu’elle vit tranquillement sa maladie.
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Objectif Cinéma :
Au niveau de la photographie, votre
personnage est aussi très intéressant car il se décolore progressivement,
comment avez-vous travaillé cet aspect-là ?
Bérénice Béjo : Il me
semblait qu’au début c’était très important de la voir très
femme, très à l’aise avec un travail, avec des idées, avec
des ambitions : elle veut changer le magasin. Donc très
« dans la vie ». Pour investir davantage le personnage,
je mettais des joggings, je mettais des sous-vêtements pas
très jolis, ternes : quand on est malade, on a envie
d’avoir un gros pull, on ne fait pas attention à la façon
dont on est habillé et coiffé. J’ai donc surtout essayé de
le vivre à l’intérieur de façon intense, avant qu’elle
ne sache qu’elle est malade, et après de le vivre encore plus
intérieurement et pas superficiellement. C’était vraiment
être en phase avec moi-même.
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