Parmi les cinéphiles de sa génération,
Luc Lagier, la trentaine aux aguets, est tout simplement l’un
des plus touchants et des plus honnêtes, investi d’une passion
ravageuse et sincère pour un art multiforme toujours en devenir.
Rédacteur en chef de l’émission Courts-Circuits le magazine,
il réalise aussi de nombreux sujets pour les bonus de DVD
édités notamment par Arte (L’homme à la caméra,
Hiroshima mon amour, etc). Il est enfin l’auteur de
plusieurs livres sur Carpenter et De Palma, dont ce dernier, Les
1000 yeux de Brian De Palma, un ouvrage personnel riche
d’une réflexion singulière sur l’œuvre d’un des cinéastes
les plus étudiés aujourd’hui.
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Objectif Cinéma :
Quelle a été la genèse de ce livre ?
Luc Lagier : En 2000,
j’avais rédigé des dossiers de presse avec Vincent Paul-Boncour
à l’occasion de la re-sortie de Obsessions et Pulsions
de Brian de Palma. J’avais envie de faire un livre sur de
Palma et de poursuivre le travail que nous avions entamé avec
ce petit livret de vingt pages qui était déjà un petit peu
ambitieux, avec des analyses… Comme on s’était très bien entendu
(j’étais notamment assez content du résultat visuel) et que
Vincent Paul-Boncour était le distributeur de ces films, je
me suis dit que c’était la personne idéale pour le publier,
d’autant plus qu’il était sur le point de lancer une maison
d’édition (avec Jean-François Gaye). A l’époque, j’avais déjà
publié deux livres aux éditions Dreamland, l’un sur Carpenter,
écrit avec Jean-Baptiste Thoret, à partir de nos travaux universitaires,
et qui a plutôt bien marché, et l’autre sur Mission Impossible
de Brian de Palma. Avec Vincent Paul-Boncour, tout s’est fait
naturellement. En fait, je n’ai jamais pensé aller éditer
ce livre sur De Palma ailleurs, notamment parce qu’il était
donc distributeur et que c’était idéal pour avoir accès au
matériel.
Objectif Cinéma : Comment
s’est opéré le passage entre un travail universitaire et l’édition
d’un livre ?
Luc Lagier : Mon passage
à l’université de Paris III a été très formateur, passionnant
à plus d’un titre. Je suis très content d’avoir eu des profs
comme Jacques Aumont, Jean-Louis Leutrat, Charles Tesson ou
Roger Odin. Par contre, je n’ai jamais voulu avoir la même
écriture et la même façon de parler. J’ai toujours voulu être
compréhensible par le plus grand nombre. Ce n’est pas forcément
une attitude très universitaire et le livre en est vraiment
le reflet. Cette volonté d’être compréhensible et lisible
par tout le monde est aussi l’expérience de Courts-Circuits,
le magazine. Ce n’est pas évident, il faut avoir les bonnes
idées, et les exploiter correctement, simplement, ne pas céder
à la facilité. Il n’y a pas tant de références que ça dans
mon livre, je cite quelques textes importants sur De Palma,
mais j’ai préféré partir dans une direction très personnelle.
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