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Objectif Cinéma :
Une des scènes les plus réussies du
film, qui n'aura hélas pas la même résonance à l'étranger
qu'au Japon, est celle des retrouvailles entre l'oncle de
Tokyo, Ayano, qui rend visite à sa sœur et sa famille, et
pour revoir son ex-fiancée Akira qui s'est mariée depuis.
C'est un peu banal comme ça, mais la scène est jouée par Tadanobu
Asano, et Tomoko Nakajima, actrice culte au Japon en raison
du personnage qu'elle incarna pendant près de vingt ans, Hotaru,
dans le feuilleton Kita no Kuri Kara/Le Pays du Nord,
mon feuilleton japonais préféré.
Katsuhito Ishii : Le mien
aussi !!! Je rêvais de tourner avec elle, et Asano, qui a
pourtant tourné avec Kitano, Miike, Oshima, Aoyama, enfin
avec tout le monde, y compris dans tous mes films, a accepté
le rôle à cause de cette scène. Lui aussi avait grandi avec
ce feuilleton, il avait vu cette actrice, enfant, même âge
que lui, devenir cette femme, il était excité, nerveux. Je
songeais à réconcilier le couple afin de les avoir ensemble
pour d'autres scènes, mais une seule donnait au film son équilibre.
Objectif Cinéma :
L'autre aspect important du film,
c'est la dimension contemporaine, le choix des acteurs, la
musique, l'utilisation de l'animation, dès la première séquence,
qui annonce que nous allons rencontrer une famille japonaise
hors de l'ordinaire.
Katsuhito Ishii : Cette
fusion des traditions et du contemporain est fondamentale
pour le film. J'avais déjà tenté quelques scènes dans ce sens
dans mes autres films, et je sentais que le moment était venu,
en particulier pour les différentes techniques d'animation...
La mère de famille, Yoshiko, est sur le point d'effectuer
son retour dans l'animation, tout en vivant en pleine campagne.
Je suis un réalisateur qui affichait ses influences au début,
celle de David Lynch, de Takeshi Kitano, et mes films au Japon
furent des succès au box office, mais je crois avoir trouvé
une voie plus personnelle. Je suis fan d'animation, de musique,
graphisme, mais depuis des mois, je m'étais mis à tourner
avec un caméscope. Je filmais tout, la campagne, les gens,
les familles dans les parcs, et je regardais ce que j'avais
filmé, chez moi, au lieu de regarder la télé japonaise qui
est tellement nulle. Je voulais arriver à faire exister ces
deux pratiques dans un seul film, qu'elles se nourrissent
l'une de l'autre sur le plan narratif, et non seulement visuel.
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Objectif Cinéma
: C'est important pour vous l'idée
de percer à l'étranger, de vous joindre à ce groupe de cinéastes
d'Asie présents dans les festivals internationaux, dont les
films sont montrés en salle d'art et d'essai. Vous savez que
je trouve consternante votre absence des écrans en Europe...
Katsuhito Ishii : Oui,
et je me souviens de ce que nous avions fait à Londres pour
Sharkskin Man & Peach Hip Girl, lorsque le film
fut présenté dans le cadre d'une petite rétrospective consacrée
à Tadanobu Asano. En fait, c'est plutôt délicat, c'est essentiel
pour moi de tourner avec des gens, l'équipe technique, les
acteurs, avec lesquels je me sens bien, qui sont complices.
Je ne souhaite évidemment pas « adapter » le style
de mes films au goût du marché international. J'ai déjà tellement
de chance ici au Japon de pouvoir travailler dans ces conditions.
Que le film soit vendu à l'étranger préoccupe davantage mon
producteur (rires), mais je suis ravi lorsqu'on montre
mes films dans les festivals; j'ai eu le plaisir d'aller à
Toronto, Rotterdam. Je suis curieux de découvrir Cannes.
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2004 The taste of
tea avec Tadanobu Asano, Maya Banno, Takahiro
Sato
2000 Party 7
avec Asano et Gasyuin, et Masatoshi Nagase
1998 Sharkskin Man
& Peach Hip Girl avec T. Asano, S.Terajima
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