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Objectif Cinéma
: Comment est née l'idée
de créer la série Portraits ?
Michel Klein
: L'idée est venue d'une réflexion entre Arte et nous sur
le cinéma actuel, sur l'état du court en France. Aujourd'hui,
le court se construit beaucoup autour d'un scénario. Il
est devenu un genre commissionnable, très orienté, car très
commenté. Il faut faire des films à chute, ce qui donne
à l'écriture du court une forme qui ne correspond en rien
à celle du long. Faire une belle chute ne présage en rien
d'un bon scénariste. Nous, nous voulions désentraver le
geste, placer des réalisateurs en dehors de la procédure
sélective. Les processus d'écriture n'ont pas été très longs
: deux versions au maximum. Nous voulions réduire le temps
qui sépare l'idée du court et sa réalisation. Arrêter la
recherche du chef d'œuvre à tout prix, car ça n'existe pas,
mais retrouver la dimension expérimentale du court.
Objectif Cinéma
: Puisqu'il s'agit d'une
série, y avait-il des règles à respecter ? Thématiques ?
Stylistiques ?
Michel Klein :
Non. Il n'y avait pas de sujet, ni de format imposé.
Jérôme Larcher :
Il n'y a même jamais eu de discussion sur le choix du réalisateur.
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Michel Klein
: Nous avons juste donné une impulsion. Au départ, nous
avions juste donné une limite de temps : les films ne devaient
pas dépasser 15 minutes. Mais nous avons vite changé d'avis.
Capitaine Achab de Philippe Ramos, l'un des premiers
films à être terminé, faisait 22 minutes et on n'allait
pas lui demander de le raccourcir. Capitaine Achab
a trouvé sa durée. Nous avions aussi en tête un certain
timing. Nous voulions tourner un film par mois, mais rapidement
nous avons dû renoncer devant l'emploi du temps serré des
réalisateurs. Résultat : des films se sont tournés
simultanément.
Jérôme Larcher
: Ce qui est drôle, c'est que sans avoir donné de directives
précises les films se ressemblent. La nature est très présente.
Beaucoup se sont intéressés aux paysages comme Lenz échappé
ou Capitaine Achab.
Objectif Cinéma :
La série a-t-elle été difficile
à produire ?
Michel Klein
: ARTE, le C.N.C et la Délégation aux Arts plastiques ont
constitué l'essentiel du financement. La difficulté pour
une collection, c'est de devoir gérer un seul budget. Réduit
à l'unité, le budget serait très inférieur à ce qu'on pourrait
avoir pour un court pris isolément. Il faut donc jouer sur
l'économie d'échelle.