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(c) D.R.

Objectif Cinéma : Tu étais aussi passée par le théâtre des Boucles de Marne, à Champigny-sur-Marne… Deux enseignements différents ! !

Adriana Santini : Mon père était directeur d’un théâtre à Champigny-sur-Marne, et j’ai très vite été intégrée dans un cours… Cela me faisait rire, cela me faisait plaisir, et j’ai suivi ce cours assidûment. J’ai ensuite un peu lâché prise à partir de l’adolescence et je suis revenue au théâtre sous la direction de Pierre Lamy quand j’étais au collège et au lycée à Paris. Une année, on avait monté Ubu Roi, avec une cinquantaine d’apprentis comédiens sur scène… Mais le vrai cours que j’ai suivi, c’était le Lee Strasberg.


Objectif Cinéma : C’est un cours qui suit une orientation particulière…

Adriana Santini : Oui, il est basé sur la méthode de Stanislavski, revue et corrigée par Lee Strasberg. Tout est parti d’un groupe d’été dans les années cinquante, auquel participaient Stella Adler, Elia Kazan. Plusieurs comédiens se réunissaient pendant l’été, puis pendant l’année, montaient des pièces entre eux. Ils n’avaient pas de lieu où ils pouvaient se rencontrer, et montrer ce qu’ils essayaient de faire. C’est comme ça qu’ils ont créé l’Actor’Studio. A la suite de quoi, Strasberg, d’un côté, Stella Adler de l’autre, ont essayé de monter chacun une école, pour aller plus loin, mais chacun dans une manière différente. Aujourd’hui Strasberg est mort, mais il s’est enregistré dans les dernières années de sa vie, en expliquant durant 2000 heures d’enregistrement environ ce nouveau regard sur cette méthode.

  A girl and a gun (c) D.R.

Objectif Cinéma : Pendant cette période américaine, tu tournes d’abord un premier rôle dans un court-métrage, A girl and a gun, en 2000, puis un second rôle dans A night in New York en 2001. Peux-tu nous parler de ces tournages - en anglais - ?

Adriana Santini : J’ai rencontré le réalisateur américain de A girl and a gun, fanatique de la France et de Jean-Luc Godard. Un jour, il m’a dit « Godard a dit que tout ce qu’il faut pour faire un film, c’est une femme et un fusil. Donc je vais faire une femme et un revolver » ! On avait très peu de moyens à ce moment-là, il a bâti toute une histoire autour de cette idée. Nous avons donc tourné ce film muet en noir et blanc, avec une vieille caméra… L’ambiance y est très particulière…


Objectif Cinéma : Et A night in New York ?

Adriana Santini : Extrêmement intéressant aussi. Car le réalisateur a privilégié l’improvisation. Il avait pris un Américain, très à l’aise pour improviser dans sa langue, une autre fille, moins à l’aise et qui ne faisait que répéter des phrases et moi qui essayais de jongler entre les deux. Mon personnage était secondaire, les intentions étaient là, mais il fallait trouver les mots. C’était quelque chose d’assez particulier, à quatre heures du matin dans les rues de New York. Je me rappelle de cette scène où les deux autres personnages s’engueulaient : lui, donnait des arguments et elle, devait gagner moralement par rapport à l’autre. Mais elle ne donnait aucun argument ! Et le réalisateur avait l’air un petit peu perdu tout en voulant l’aider. Mais comme il n’avait rien écrit et qu’il commençait à se faire tard, il a décidé de le garder tel quel ! C’était assez étrange.