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Objectif Cinéma
: Après ces deux films, tu retournes
au théâtre et tu reprends le rôle de Roxane dans Cyrano
de Bergerac au Marylin Monroe Theater de New York. N’y
a-t-il pas, dans le fait de reprendre ce rôle, une sorte de
filiation puisque Cyrano a été l’un des grands rôles
de ton père, le comédien Pierre Santini ?
Adriana Santini : En fait
ce n’était pas la pièce entière, mais des extraits. Les Américains
ne connaissaient Cyrano que par le biais de Steve Martin,
qui avait tourné le film Roxane. Mais ce n’était pas
vraiment la pièce ! Certains, un peu plus cultivés, avaient
vu le film de Rappeneau… Un jour, dans une librairie, je suis
tombée sur Cyrano de Bergerac, que j’ai lu adossée
à un poteau, sans m’interrompre… Et je me suis mise
à pleurer en plein milieu de la librairie ! Les clients
me regardaient bizarrement, et je me suis dit alors que je
devais faire découvrir ça à tous ceux qui étaient avec moi
en cours. Je l’ai donc ramené, et avec une de mes profs, on
a décidé d’en monter des extraits. C’était très difficile
de monter toute la pièce, ça demande une organisation incroyable !
Mais j’ai pu faire partager mon amour de cette pièce !
Et concernant mon père, je répondrais « oui, bien
sûr ! » puisque cette pièce, c’est ma pièce,
mon livre de chevet ! Je l’adore ! Je la vénère !
Et évidemment, ça vient de lui, bien sûr ! Maintenant
j’adorerais jouer le rôle de Roxane un jour à Paris… C’est
mon petit désir à moi !
Objectif Cinéma : En
2001, tu participes en France, à l’opération Talents Cannes.
Comment cela s’est-il passé ?
Adriana Santini : Je suis
rentré en France un peu avant Noël, j’ai envoyé ma candidature
pour cette opération de l’Adami, « Talents Cannes »,
et suis repartie ensuite aux Etats-Unis. Et j’ai été contactée
Yvon Marciano, l’un des réalisateurs de ces courts-métrages,
qui a voulu me rencontrer. Je suis revenue des Etats-Unis
pour ça et suis restée un mois en France, le temps de tourner
le court-métrage et d’aller à Cannes le présenter. L’opération
consiste à mettre en avant des jeunes comédiens. Ils prennent
quatre, cinq, six réalisateurs à qui ils demandent de choisir
deux ou trois comédiens chacun. Il y a une journée de tournage
et une journée de montage. J’ai eu la grande chance d’avoir
un superbe scénario : l’histoire d’une femme qui va rencontrer
un homme dans un café. On se rend compte par leurs discussions
qu’ils ne se connaissaient pas, qu’ils se sont rencontrés
par une petite annonce. Elle a sur la joue une tache de vin
qu’on découvre petit à petit. On comprend donc pourquoi, finalement,
l’homme était un petit peu gêné, alors qu’elle est adorable,
gentille, sympa, jolie, etc. A la fin il lui dit, « mais
qu’est-ce que c’est ? ». Et elle lui répond
que c’est une tache de vin. Lui, dit alors « mais
moi je pourrais pas, par rapport au regard des autres ».
Donc elle lui dit au revoir, il sort, et elle, avant de
partir, va aux toilettes et enlève la tache de vin qui était
du maquillage. En sortant, elle passe devant lui, qui reconnaît
sa bêtise ! L’histoire, en gros, c’est ça : le regard
des autres face à la différence, l’acceptation de la différence,
la tolérance… C’est un court-métrage que beaucoup de festivals
ont pris un petit peu sous leur aile ; l’Unesco aussi
a beaucoup voyagé avec, au Canada, en Afrique, en Amérique
du Sud, en France. C’est un film qui m’a vraiment donné l’opportunité
de rencontrer du public, notamment des femmes qui m’ont parlé
de leur histoire, etc. C’était vraiment un joli moment.
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