A l’occasion de l’hommage rendu à
la BBC et à ses cinéastes anglais, Alan Clarke fut le révélateur
pour tous ceux qui assistèrent chaque soir, ébahis et impressionnés,
à une magistrale leçon de cinéma et d’humanité, loin très
loin derrière les arguties un brin moralisateurs de certains
loachiens et leighiens (suivez mon regard).
Alan Clarke serait notre Samuel
Fuller mâtiné de Ford sans le pathos devenu quasi monnaie
obligatoire en ces temps de terreur poujadiste, tenant haut
l’idée d’un cinéma du dépouillement le plus ascétique possible,
au nom d’une vision du monde sans concession ni mauvaise foi.
Alors Clarke, plus rock and roll et hardcore que tous les
excités du steadicam actuels, et, vissé à l’âme, une ineffable
tendresse borderline pour tous ces merdeux que la libérale
société vomit, ces empêcheurs de consommer en rond.
Et si nous obligions nos pseudo dirigeants à digérer
chaque matin, au petit’déj ministériel, du Alan Clarke, histoire
de leur balancer une leçon d’humilité ?
Rencontre avec Andrea Grunert,
Universitaire, critique de cinéma et responsable de la programmation
des films d’Alan Clarke aux Rencontres Internationales de
Cinéma au Forum des Images (Paris, 2004)
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