Objectif
Cinéma : En termes de rémunération,
à combien revient un scénario en France ?
Claude Scasso : C'est très
fluctuant. D'une moyenne de 20 000 euros pour un scénariste
débutant à 27 000 euros pour un scénariste émergent et 58 000
euros pour un scénariste confirmé. Avec des disparités importantes
à l'intérieur de ces catégories. Par exemple, pour les scénaristes
confirmés, Francis Veber qui touche 728 000 euros en moyenne
et Michel Grisolia qui n'a obtenu que 15 000 euros pour participer
à l'écriture du film de Mocky Vidange. Cela peut apparaître
comme des chiffres énormes, notamment quand on parle dans les
journaux de R.M.I ou de précarité. Mais ces sommes représentent
une année de travail voire deux ou trois ans. Et puis, rapporter
aux salaires des comédiens, des réalisateurs ou même des producteurs
la rémunération des scénaristes paraît ridicule. Alors que le
scénario est à la base d'un film, alors que c'est sur le scénario
qu'un film trouve des financements. Si l'on prend les chiffres
du rapport Gassot, 2,2 % du budget d'un film est alloué au développement.
Gassot et les scénaristes réclament 10 %. Un chiffre qui était
atteint dans les années 70 à l'époque de José Giovanni ou Michel
Audiard où les producteurs payaient un studio ou une chambre
d'hôtel pour écrire dans de bonnes conditions.
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Objectif Cinéma :
Et en ce qui concerne la dernière partie de votre étude, celle
abordant les relations entre réalisateurs et scénaristes,
quelles en sont les principales conclusions ?
Claude Scasso : Le point
le plus important se situe dans la part importante des réalisateurs
– 25 % - qui aimeraient trouver un co-scénariste. Ils
soulignent toutes les difficultés qu'ils rencontrent pour
trouver l'âme sœur. C'est un domaine que le C.N.C devrait
prendre en compte.
Objectif Cinéma : De
quelle manière ?
Claude Scasso : Il faut
remettre en valeur le rôle du scénariste. On a souvent dit
que le cinéma français souffrait d'une crise du sujet, qu'il
manquait d'auteurs. Notre étude montre bien que c'est faux
: sur la période 1997-2000 on compte 913 scénaristes. Il faut
remettre le scénariste dans la lumière. À Cannes ou dans les
voyages organisés par Unifrance, ils ne sont pas invités pour
accompagner l'équipe des films qu'ils ont écrits alors que
ce sont sur ces festivals que se créent des liens qui pourront
déboucher ensuite sur une collaboration. Le scénariste sert
les films auxquels il collabore. Si l'on regarde les films
à petit budget qui ont réalisé plus de 500 000 entrées, seul
Petites coupures de Pascal Bonitzer n'a pas bénéficié
de l'apport d'un co-scénariste. On a peut-être là l'un des
explications de l'échec d'un grand nombre des premiers films
français. En refusant ou ne pouvant pas se payer l'aide d'un
scénariste, des histoires mal ficelées, pas abouties sont
tournées. Il faudrait peut-être que les structures d'aides
imposent la présence d'un scénariste sur ces petits projets
et également que le système laisse le champ aux scénaristes
pour présenter leurs propres projets. Mais il ne faut pas
croire que je suis pessimiste sur ces questions d'aide au
développement. Les problèmes sont couramment admis et les
choses bougent.
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