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Le Derrière (c) D.R.

Objectif Cinéma : Qu'en est-il donc de l'identification des scénaristes français ?

Claude Scasso : Premier chiffre à noter : 95,2 % des réalisateurs participent au scénario. C'est un pourcentage très élevé, notamment par rapport aux pays anglo-saxons. Cela vient de la Nouvelle Vague, du poids de la notion d'auteur en France. Il n'y a pas à le contester ou à le regretter, c'est un état de fait qui ne changera pas car c'est une composante de notre culture. En France, la population des scénaristes professionnels est donc une population de co-scénaristes. Seul aspect gênant de cette structure particulière : la très grande difficulté rencontrée par les scénaristes pour initier des films. Les scénaristes sont donc considérés comme des techniciens. Leur apport artistique est peu utilisé, ce qui est dommage.

Autre versant dans cette identification des scénaristes français : le poids des occasionnels. Sur 913 contrats signés entre 1997 et 2000, 81 l'ont été par des personnes qui exercent une activité principale autre que celle de scénariste. Et c'est une fourchette basse, car j'exclus les romanciers, comédiens et techniciens qui collaborent sur certains scénarios. Cette donnée est quelque peu décourageante quand on sait que des scénaristes confirmés ont du mal à trouver des films sur lesquels collaborer. Tel scénariste perd ainsi sa valeur de métier, de compagnonnage où l'on écrit avec ses pairs, où l'on apprend sur le tas souvent à la télévision. Le dentiste devenu scénariste par illumination est un phénomène rare. Même s'il y a toujours des exceptions comme Gilles Taurand. Ces occasionnels peuvent à la limite servir d'oreille attentive ou de punching-ball au réalisateur, mais ils leur manquent la technicité, une réflexion profonde sur ce qu'est le scénario. Je comprends que Valérie Lemercier travaille avec sa sœur pour son film Le Derrière, mais il ne faut pas s'étonner ensuite que ce film soit inégal.


Objectif Cinéma : Pour ce qui est des salaires ?

Claude Scasso : Comme l'avait déjà montré le rapport Gassot, les questionnaires montrent clairement qu'il n'y a pas assez d'argent pour le développement des films. Dans certaines réponses de producteurs, on voit bien qu'ils essaient de trouver le financement des Sofica et des chaînes de télé et qu'une fois qu'ils les ont ; ils se dépêchent de tourner, même si le scénario est imparfait. Ils refusent de prendre six mois de plus pour par exemple faire travailler un scénariste supplémentaire. Le développement est donc le parent pauvre du cinéma français et les scénaristes en pâtissent forcément puisqu'ils interviennent à cette étape.


  CNC (c) D.R.

Objectif Cinéma : Les aides au développement du C.N.C sont insuffisantes ?

Claude Scasso : Elles jouent un rôle et il y a eu un progrès notable dans ce domaine depuis la sortie du rapport Gassot. Mais elles restent encore très insuffisantes. Comme l'indique un chiffre qui n'est pas dans l'étude et que j'ai trouvé sur le site de Ministère de la Culture, sur le budget qui revient aux producteurs seulement 1 % est dévolu au développement. La France se trouve dans le peloton de queue des pays européens. Dans certains pays, le pourcentage dépasse les 10 %. Et puis dans les aides au développement attribuées par le C.N.C, le système est vicié du fait que 20 % de la somme est comptée comme frais généraux du producteur et que sur le reste il faut encore compter différentes dépenses comme les repérages. Il faut réduire le chiffre de 1 % pour avoir le chiffre réel de l'aide à l'écriture.