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Nadia Meflah : Etes-vous rentré en contact avec eux pour en parler ?

Gillo Pontecorvo : Non. Ca ne m’intéresse pas.


  La Bataille d'Alger (c) D.R.

Mathilde Marx : Vous avez tourné un documentaire à Alger en 1992. Pourquoi ce retour ?

Gillo Pontecorvo : C’est la télévision qui voulait faire 34 minutes sur le voyage de quelqu’un qui avait été le réalisateur d’un autre film dans une toute autre situation. C’est mon fils qui a pratiquement tourné, j’ai simplement fait l’acteur. Je marchais, et mon, fils qui était le directeur de la photo et le metteur en scène a tourné le film.


Nadia Meflah : Quel effet cela vous a-t-il fait ?

Gillo Pontecorvo : J’étais vraiment très triste, car à l’époque où l’on a fait le tournage [de la bataille d’Alger], il y avait une vivacité et un espoir qui imprégnaient tous les rapports humains. Tandis que là, les choses n’avaient pas marché comme on l’avait voulu, c’était un climat beaucoup moins joyeux. Et puis, il a trois ans, j’étais à Alger avec ma femme pour une projection spéciale de Retour à Alger. Ma femme connaissait très bien l’Algérie de l’époque et elle voulait la revoir. (Intervention en italien de sa femme). Elle dit qu’à l’époque où on a tourné, on avait bénéficié d’une solidarité énorme : tout le monde nous aidait, Saadi Yacef qui connaît la Casbah comme ses mains a trouvé toutes les personnes justes. D’ailleurs, il était un coproducteur exemplaire parce qu’extrêmement discret. Une fois seulement, il a demandé qu’on change une scène : c’est une petite fille qui lèche une glace juste avant qu’une jeune Algérienne pose une bombe. Moi, j’ai dit : « Je ne l’enlève pas, après tu comprendras que c’était juste pour vous. » Et en effet, quand le film est sorti à Venise, la critique fondamentale, c’était l’honnêteté. Donc, cette scène a certainement joué en faveur d’une honnêteté intellectuelle. Et au fond, c’est la vérité : on met une bombe, il y a un enfant, c’est…la déveine. Ça donnait la sensation qu’on n’avait vraiment pas choisi un côté ou l’autre.


Nadia Meflah : D’ailleurs vous faites un portrait tout en nuance du général, interprété par Jean Martin.

Gillo Pontecorvo : Non seulement ça, mais si vous remarquez, la musique sur les morts algériens et sur les morts français est identique. Parce que c’est la guerre.



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Gilberto Pontecorvo, dit Gillo Pontecorvo naît à Pise en 1919. Pendant la seconde guerre mondiale, tout en suivant des études de chimie, il travaille comme journaliste et messager pour le parti communiste italien. Il participe à un réseau de partisans antifascistes et prend pour nom de guerre Barnaba. Une fois la paix signée, il devient correspondant à Paris de plusieurs journaux italiens. C’est alors qu’il voit le film Paisa de Rossellini et, aussitôt, abandonne son métier de journaliste, achète une caméra et commence à tourner des courts-métrages documentaires.

En 1956, Giovanna relate la grève des femmes dans une usine de tissus. L’année suivante, il tourne son premier long-métrage, La Grande route bleue (La grande strada azzura), aussi exploité sous le titre Un dénommé Squarcio. Cette adaptation d’une nouvelle de Franco Solinas, qui deviendra son scénariste de prédilection, décrit la vie difficile d’un petit village de pêcheurs.

En 1959, Kapo narre l’histoire d’une jeune fille juive, internée dans un camp de concentration, et qui devient l’auxiliaire des officiers nazis. Le projet suivant du cinéaste connaît plus d’aléas. Gillo Pontecorvo songe très vite à un long-métrage sur la guerre d’Algérie. Mais celui-ci ne voit le jour que trois ans après la fin des hostilités, lorsque Saadi Yacef, ancien commandant des troupes algériennes, devenu président de Casbah Films, lui propose l’idée d’un film basé sur ses propres souvenirs de combat. Ce sera La Bataille d’Alger (La battaglia di Algeri), en 1965. En 1971, Queimada est de nouveau un regard sur le colonialisme, cette fois dans les Antilles du XIXème siècle, interprété par Marlon Brando. En 1979, Ogro traite du terrorisme, à travers le meurtre du successeur du général Franco, et de la fin d’une dictature.