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Objectif
Cinéma :Tu es cinéphile
depuis toujours ?
Sonja Wiemann : Pas
depuis mes tous premiers pas ! Il faut dire que je suis
née dans une ville où il n’y avait, jusqu’à mes quatorze ans,
qu’un seul cinéma art et essai ; depuis, il n’y en a
plus ! On ne trouve nulle part ailleurs dans le monde
une programmation aussi riche qu’à Paris, et surtout nulle
part ailleurs qu’en Allemagne, et surtout pas dans la Ruhr !
Je pense que mon intérêt pour le cinéma m’a saisi au début
de mon adolescence, parce que je n’avais pas du tout de modèles
dans ma famille. Comme enfant, j’étais très « télé »,
et le cinéma est venu avec les copains, les copines.
Objectif Cinéma : As-tu
des « préférences » de cinéphile ?
Sonja Wiemann : Je suis bon
public pour des films assez différents. Je peux aussi bien
passer un très bon moment pendant un film comme Matrix
(la première partie !) qu’aller voir un film comme
Brown Bunny de Vincent Gallo (le premier montage !)
et passer un véritable moment de bonheur. On peut donc dire
que j’ai un goût assez large !
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Objectif
Cinéma : Parlons
du festival lui-même. En quoi le Festival du Cinéma au Féminin
se distingue-t-il, par exemple, d’une manifestation telle
que le Festival de films de femmes de Créteil ?
Sonja Wiemann : A
Bordeaux, nous ne privilégions pas seulement les films de
réalisatrices, mais nous accueillons en compétition des films
de productrices, scénaristes, réalisatrices... Bordeaux voulait
toujours avoir un festival de cinéma. Un festival de cinéma
qui met les femmes en avant dans une compétition. C’est un
festival pour tout le monde, avec une équipe mixte, des invités
mixtes : s’il y a une réalisatrice et un réalisateur,
on mentionne les deux dans le catalogue, et pas seulement
la femme, comme ça se fait parfois dans d’autres festivals
de films de femmes. A Bordeaux on n’a jamais voulu revendiquer
un militantisme. C’est avant tout un festival de cinéma !
Objectif Cinéma :Tu as visionné
de nombreux films dans le cadre de ton travail. Est-ce qu’il
y a selon toi un « regard féminin » au cinéma ?
Et si oui, en quoi ce regard féminin est-il singulier ?
Sonja Wiemann : Je ne pense
pas qu’il y ait un regard féminin, parce que toutes les femmes
ne se ressemblent pas. Il y a des individus, plutôt que des
femmes et des hommes, mais parfois dans des conditions où
nous sommes plutôt catégorisés comme femmes et hommes… En
fait, je n’arriverais pas à distinguer une manière de filmer
que je qualifierais de féminine, ou une manière que je qualifierais
de masculine. Au dernier festival de Berlin, j’ai vu un film
polonais tourné en vidéo dans lequel il y avait des filles
en sous-vêtements, filmées comme par un regard masculin. C’était
quelque chose de cru, assez laid. Et le film avait été réalisé
par deux femmes ! On n’arrive donc pas si facilement
à reconnaître qui se cache derrière un film.
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