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MARCELLE THIRACHE
Réalisateur
Entretien réalisé
en janvier 1999 à Paris
Par Nathalie CURIEN et Colas RICARD
pour
cineastes.net



Cinéastes.net :
Pouvez vous définir le cinéma expérimental ?

Marcelle Thirache :
En ce qui me concerne, je peux difficilement donner une définition. Je suis d'abord plasticienne et j'utilise ma caméra comme d'autres utilisent un pinceau.


Cinéastes.net : Il y a une dimension artistique, artisanale ?

Marcelle Thirache :
A quelques rares exceptions près, c'est toujours un travail artisanal, chez soi, avec les moyens du bord, sans mise en œuvre de gros moyens, ce n’est pas le cinéma industriel.


Cinéastes.net : C'est aussi un cinéma d'auteur ? Contrairement au cinéma classique il n'y a pas de répartition des tâches, mais un seul auteur ?

Marcelle Thirache :
Oui. C'est dans ce sens que je le rapproche du plasticien. Pour moi, le cinéma expérimental c'est vraiment un travail de plasticien. Il va réaliser son oeuvre du début jusqu'à la fin, sans faire appel à d'autres, bien que certains plasticiens conceptuels aient demandé à d'autres de réaliser leurs oeuvres. Ma façon de travailler le cinéma expérimental implique que je sois seule face à la création.


Cinéastes.net : Pouvez-vous nous parler de votre travail, essayer d'expliquer en quoi il consiste ?

Marcelle Thirache :
Je dirais, créer des peintures en mouvement… C'est vraiment ce que j'ai envie de faire, des peintures ou des sculptures qui bougent. Montrer à la fois la profondeur d'une toile à travers ce mouvement. J'ai utilisé plusieurs façons, j'ai commencé par filmer des choses qui bougeaient. J'ai mis en place des dispositifs - comme vous avez pu le voir (1) - dans Chorégraphie. Toute une partie de mon travail a été faite à partir de photos que j'avais réalisé moi-même, et que j'ai mis en mouvement avec de l'eau, qui permet de faire bouger l'image. Je les avais prises par transparence sur l'eau : je faisais bouger l'eau, qui faisait bouger l'image. Ensuite, j'ai carrément bougé ma caméra ; c'est la caméra elle-même qui crée le mouvement, en sculptant la lumière ; de là m'est venue l'idée que ce ne soit plus la caméra qui crée le mouvement mais moi-même, avec des coups de pinceau qui faisaient les mêmes mouvements que la caméra ; enfin je n'abandonne jamais, quelque procédé que ce soit.