Objectif Cinéma :Ce que fait Godard ces
derniers temps avec la musique et le texte se rapproche de
ce qu’a fait Jonathan Caouette dans Tarnation en quelque
sorte...
Frédéric Comtet :Tout à fait. Godard a très bien senti
l’évolution, il a été le premier à avoir senti ça, à décloisonner
le cinéma, et il a toujours une analyse très juste de l’évolution
du cinéma, de la télévision...
Objectif
Cinéma :Que
s’est-il passé entre la découverte du film et aujourd’hui
?
Frédéric Comtet :On a rencontré la société Wellspring
qui vendait le film à Cannes. Notre approche originale du
lancement du film a été décisive. On a beaucoup discuté
avec eux, Jonathan était présent quelquefois, et notre démarche
l’a intéressé. On va essayer de faire des choses en direction
des gens qui s’intéressent aux nouvelles technologies parce
qu’ils les utilisent et que ça leur permet d’explorer leurs
capacités créatrices. Le film est un exemple pour eux. On
va faire beaucoup de choses avec Apple, qui est un peu le
symbole de cette nouvelle démarche. Ils ont bien compris
l’intérêt du numérique dans l’art. Apple représente un faible
pourcentage sur le marché par rapport au PC, mais dans le
domaine de l’art, cette société est très bien placée, elle
a tout de suite compris les enjeux et ce que ça pouvait
entraîner au niveau des échanges de toutes les formes de
création. Apple est vraiment un modèle à ce niveau, et c’est
grâce à leurs outils que les créateurs ont accès à des choses
nouvelles. Il y a donc une communauté Apple que l’on peut
toucher. On va faire de grosses opérations à l’Apple expo
en septembre, et puis beaucoup de choses via Internet, les
sites de cinéma, la nouvelle technologie, qui sont cœur
de cible.
Objectif Cinéma :Et au niveau
de l’exploitation ?
Frédéric Comtet :On commence à montrer le film aux
exploitants. J’aimerais inciter les salles équipées en numérique
à projeter le film en numérique, ce qui permettrait de démontrer
qu’il y a une véritable économie à déclencher. On ne pourra
pas le sortir qu’en numérique, puisque trop peu de salles
sont équipées, et que ça limiterait trop le potentiel du
film, mais au moins couvrir toutes les salles qui ont la
possibilité de projeter en numérique. L’idéal serait de
sortir sept copies à Paris et une quinzaine de copies sur
la France. Je pense que c’est faisable. Le film marchera
sans doute bien par le bouche-à-oreille, en témoigne un
collectif français qui s’est créé autour du film et a monté
un site Internet : www.i-saw-it.com,
qui défend le film. On va les aider à alimenter le site
par du matériel, et notamment des témoignages de gens qui
ont vu le film, faire des petites vidéos et les mettre en
ligne. Il y a également un forum autour du film. Le film
touche énormément de monde, et pas seulement le féru de
technologies, ce qu’il dit est universel.