Objectif Cinéma : Starsky
et Hutch c’est de la nostalgie, alors que Derrick
c’est de la mélancolie.
Rodolphe Cobetto-Caravanes :L’idée est jolie et plutôt juste à mon goût. J’ai découvert
très tardivement Derrick, et ça a été un vrai choc
esthétique. Starsky & Hutch, c’est ce que je regardais
quand j’étais petit.
Dans les années 80, on me parlait de Derrick comme d’un truc
chiant. Dix ans plus tard, alors que j’étais au chômage, j’ai
découvert Derrick, et j’ai trouvé ça pas si mal. Derrick ne
court jamais, c’est hyper lent. Au point de vue esthétique,
de la façon de faire des plans, Derrick est unique. L’emploi
du zoom est incroyable notamment. Ils osent tout, avec des
mouvements de caméra et une grande lenteur. Certains plans
durent cinq minutes, il ne s’y passe rien et pourtant ça tient
debout. Quand on est formaté par les séries américaines, c’est
très nouveau. Derrick a fait beaucoup pour moi au niveau de
la patience face aux films, notamment face au cinéma japonais.
J’étais très speed au départ, mes films ressemblaient à ceux
de Sharits : 24 plans par seconde. Maintenant, j’essaye
de gagner de plus en plus en lenteur, j’ai plus envie de prendre
mon temps.
La durée m’a toujours fasciné. Dernièrement, j’ai réécouté
une interview radiophonique de moi en 1999, j’y disais que
j’étais très fort en film de trois minutes, et que mon but
maintenant était de faire un film de sept minutes. Il fallait
que je grandisse, mais c’était surtout une question de respectabilité.
Un film de vingt minutes en 35mm, ça fait toujours plus sérieux
qu’un film de trois minutes en super-8. Je me trompais de
but, mais pas de route. Je me suis aperçu que j’avais aussi
besoin de ce temps pour développer les choses, les poser.
Du temps pour faire les films mais aussi du temps pour que
les gens aient le temps de rentrer dans ces films. Qu’ils
aient le temps de voyager à l’intérieur. Le temps de laisser
une petite marque en eux…Comme l’image indélébile d’un amour
de vacances.
Les films de Rodolphe Cobetto-Caravanes
et les films diffusés par l’association Braquage
sont régulièrement projetés dans les salles,
Twentuno, prix de la meilleure création sonore
& musicale au festival Côté Court 2004 de
Pantin, tourne dans les cinémas Art & Essai.
À noter, le dernier film de Rodolphe Cobetto-Caravane,
Le Bord Intime des Foules, est présenté
en compétition expérimental au 14e Festival
Côté Court de Pantin, le mardi 12 avril et le
jeudi 14 avril. (Site du fesival : www.cotecourt.org)
« Petit monde Caravanes », ex-mensuel de
presse écrite à la main, est disponible à Bimbo
Tower, 5 passage St Antoine, au Regard Moderne,
10 rue Gît-le-Cœur, chez Hors-Circuit, 5 rue
de Nemours, à Paris. Vous pouvez également vous
abonner en envoyant 10 euro, votre nom, votre
adresse et votre adresse e-mail chez Rodolphe
Cobetto-Caravanes, 8 rue Popincourt, 75011 Paris.