Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
  Tony Leung (c) Guillaume Carre

Objectif Cinéma : Pourtant, pour moi vous êtes vraiment l’acteur, en tout cas la figure de la mélancolie.

Tony Leung : Beaucoup de gens le pensent. Mais je ne le fais pas intentionnellement.


Objectif Cinéma : Même dans les films d’action de John Woo, très spectaculaires, vous travaillez avec une grande économie de moyens. Par exemple, pour ce qui concerne le visage, c’est comme si vous en enleviez tous les sentiments pour en exprimer juste un ou deux. Est-ce que ça correspond à votre manière de travailler ?

Tony Leung : J’essaie d’utiliser le moins de technique possible. Je le fais intentionnellement, et en particulier pour Wong Kar-waï. On peut voir que je n’utilise aucune technique dans ses films. J’essaie juste de ressentir les choses.

Tony Leung (c) Guillaume Carre

Objectif Cinéma : J’ai quelques images en tête, comme dans 2046, votre manière de ne pas regarder la carte que vous montre Gong Li, ou quand, à la fin de Chungking Express, vous découvrez Faye Wang dans le restaurant. Là, vous exprimez une grande intensité par la surprise, la suspension. On retrouve de film en film cette manière de travailler sur la suspension, qui rend le sentiment si intense. On encore quand vous découvrez Leslie Cheung blessé, dans Happy Together

Tony Leung : Là non plus, je ne le fais pas intentionnellement. Je crois que Wong Kar-waï capture des moments particuliers.

Objectif Cinéma : Plus comme personne que comme acteur, alors ? Est-ce quelque chose qu’il recherche particulièrement pendant le tournage, ce moment de vérité de la personne ?

Tony Leung : Je crois qu’il m’observe beaucoup dans la vie de tous les jours. Par la suite il peut révéler ou explorer quelque chose qu’il a pu percevoir.


Objectif Cinéma : En France, vous êtes associé à un âge d’or du cinéma asiatique. Je me souviens avoir découvert presque en même temps les films de John Woo, de Wong Kar-waï ou de Hou Hsaou Hsien, par exemple. Mais pour vous, en tant qu’acteur, quelle est la différence concrète entre tourner pour Wong Kar-waï et John Woo, par exemple ?

Tony Leung : John Woo est mieux préparé quand il arrive sur le tournage. Parfois, il est très difficile de faire des compromis avec lui. Quand il insiste pour que vous fassiez quelque chose, il faut le faire, et à sa manière. Kar-waï semble plus souple, il vous donne beaucoup d’espace et de liberté pour créer votre propre personnage. C’est la plus grande différence dans leur manière de mettre en scène.